Mystère dans ma ville : Limoges, aventure virtuelle dans la capitale limousine

La nouvelle avait fait un peu de remous lors de sa sortie il y a de cela quelques mois : Limoges était dotée de son propre jeu vidéo. Développé par un studio autochtone, Dreamagine, le produit avait pour but de faire découvrir cette ville d’art et d’Histoire sous un autre angle, et surtout via un média moderne. Étant donné qu’au Cri du Troll, on aime bien les jeux vidéo et qu’une bonne partie de la meute est basée sur Limoges, il allait bien falloir que le bazar passe entre nos mains velues. Ce jour est arrivé, et voilà ce que nous en avons retenu.

Une véritable histoire dans l’Histoire

Le synopsis pose les bases d’emblée : bien que nous nous trouvions en présence d’un jeu à vocation de découverte et d’éducation, ce n’est pas une raison pour mettre le scénario au second plan. Ainsi, Mystère dans ma ville nous propose de jouer un agent appartenant à une société secrète (non non, pas les Francs-Maçons…) vouée à la traque d’artefacts anciens. Les récentes fouilles sous la place de la République ont lancé cette société à la recherche de l’anneau de Sainte-Valérie, une relique inestimable dotée de pouvoirs magiques. Vous aurez le choix d’incarner Will, qui préfère mettre ces artefacts sous scellé pour éviter que quelqu’un de malveillant n’abuse de cette puissance, ou Léa, qui pense que ce genre d’objets historiques a sa place dans un musée. Le choix ne reflète pour le moment que votre sensibilité, mais il pourrait par la suite prendre plus d’importance, aux dires du studio.

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Magie, société secrète, fantômes, voyage dans le temps, épopée médiévale… Dreamagine ne lésine pas sur le scénario. Les sauts dans le temps nous donneront l’occasion de croiser quelques personnages historiques tels que le Prince Noir, Sainte Valérie, Richard Cœur-de-Lion et bien d’autres qui sont passés par Limoges. L’occasion pour le joueur de voir des projections de la ville à l’époque médiévale. Malheureusement (et j’en suis le premier marri) le studio ne s’est pas attardé sur l’époque antique pour éviter de trop se disperser, mais l’éventualité n’est pas définitivement écartée pour un autre épisode.

Un premier essai concluant

Qu’en est-il du jeu ? Lorsque j’avais entendu parler d’aventure, de découverte, de mystère et tout ce genre de trucs, je pensais tout d’abord me retrouver face à un point and click façon Monkey Island, voire à un décalque des Chevaliers de Baphomet. Le support du jeu (appli pour mobile ou jeu en direct sur navigateur) m’a obligé à revoir mes ambitions à la baisse. Mystère dans ma ville : Limoges se divise en deux phases. Les premières nous présentent une scène au milieu de laquelle se trouve notre personnage : il s’agit généralement de trouver dans le décor les cartes cachées ainsi que le sceau de la société secrète qui nous permettra d’avancer ou d’avoir accès à l’énigme du niveau. Les deuxièmes sont les mini-jeux : énigmes, quizz, puzzles et autres épreuves à la Candy Crush (les plus nombreux), qu’on devra résoudre pour avancer et au passage amasser encore quelques cartes.

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Votre personnage assiste aux vœux du maire… Non je déconne, c’est un couronnement pendant le moyen-âge

Évidemment, les hardcore gamers qui attendaient un Assassin’s Creed avec une reproduction de Limoges pour qu’on puisse grimper sur l’église Saint-Michel-des-Lions peuvent déguerpir : les épreuves ont une vocation familiale et accessible. Elles ne sont pas pour autant inintéressantes (celle de la boucherie, notamment), et si jamais vous galérez sur un puzzle (le candy-crush-like à la Mairie m’a fait péter un plomb) il est possible de dépenser des « mysterces » pour la passer. « Un mysterce ? » vous demandez-vous ? C’est la monnaie que vous amassez à mesure de votre avancée. Meilleur vous serez dans les épreuves et dans les recherches de cartes, plus vous en aurez. Cette caillasse pourra vous servir vers les derniers niveaux, qui recèlent quelques passages un poil corsé. 

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Un tour d’horizon rapide de quelques lieux visités

Mystère dans ma ville : Limoges, bien que court, se laisse quand même jouer (la preuve : je l’ai fini) et devient même rapidement addictif si on s’y laisse prendre. On appréciera la collection de cartes, un peu plus de 70 si ma mémoire est bonne, qui nous livrent pas mal d’informations intéressantes. Pas de doute, on verra cette bonne vieille ville d’un autre œil à présent… Et vu que c’était le but recherché, j’ai envie de dire twingo ! (non, c’est bingo).

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Petit bonus : Léa dans la rue du Duc Étienne (le bar) au Moyen-âge

Et comme au Cri nous sommes de zélés trolls, nous avons même interviewé le très accessible président du studio Dreamagine, Philippe Gravelat. Car au fond, qui de mieux placé que l’instigateur lui-même pour parler du projet ?

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Bonjour à vous Philippe et entrons directement dans le vif du sujet : tout d’abord, et bien simplement, comment vous est venue l’idée du projet ?

Limoges était en recherche de mise en avant. Nous avions pour projet de lancer une nouvelle forme de communication par le jeu. Le concept a plu et après beaucoup de discussions, nous nous sommes lancés. Limoges a été la première ville à tenter l’expérience, la ville pilote ! La ville a choisi la période qu’il fallait mettre en avant (2000 ans d’histoire, ça fait beaucoup, il a fallu centrer) : Limoges médiéval/Limoges contemporain. Nous, de notre côté, on a créé le support pour mettre en avant ce patrimoine, ses personnages et ses monuments emblématiques : Sainte Valérie, le Prince Noir, des illustres, la cathédrale, la gare, le quartier de la boucherie etc…
Avec le plateau de jeu vierge que l’on a apporté, c’est la ville et l’association « Ville d’art et d’histoire » de Limoges qui ont modelé l’histoire, validé le scénario et nos idées et créé le contenu documentaire.

On a développé en février et on a livré en fin octobre.

Moi je me serai plus attendu à un point’n’click, ou un jeu de recherche un peu comme les Chevaliers de Baphomet…

Oui, effectivement ça aurait été le format idéal (nous sommes fans des Monkeys Island, Maniac Mansion etc… des jeux fous !),  mais ça aurait été plus cher et plus difficile à mettre en place. D’autant que nous sommes dans l’optique d’un « Serious Game », un jeu ludique, qui doit divertir, mais qui doit surtout servir à mettre en avant le patrimoine de la ville sérieusement. Il s’agit de trouver le bon mélange : le jeu ne doit pas être anecdotique et donc insipide, il doit quand même apporter du challenge ! Mais il ne doit pas non plus être trop compliqué pour pouvoir parler à tout le monde sans frustrer ceux qui n’y arriveraient pas (d’où l’idée des Mysterces qui peuvent débloquer des situations délicates !).

Le format du jeu rappelle les jeux Facebook, c’était une volonté assumée ?

Le but est de créer de l’engouement, une communauté derrière. Le jeu a été créé pour être utilisé par tous, jeunes et moins jeunes, gamers ou néophytes sur les réseaux sociaux pour faire parler de la ville et de son histoire. On a visé la viralité, l’accessibilité.

Nous avons pensé Mystère dans ma ville comme une collection qui vise à promouvoir la ville d’une nouvelle manière. Nous avons pour projet de décliner la formule pour d’autres villes mais on peut aussi penser que l’on reviendra sur les villes, sur des périodes différentes par exemple ! Pourquoi pas un Mystère dans ma ville Limoges 2, sur la période antique par exemple ?

Comment a été accueilli ce projet novateur ? Surtout dans notre région, qui a la mauvaise réputation d’être vieillissante.

Dreamagine est un studio tout récent et indépendant. On est seulement trois. On a pris le risque en se battant pour porter ce projet novateur. Et avec plus de 7300 joueurs à ce jour, alors que l’on avait misé sur 3000 joueurs, on peut se dire que c’est réussi ! Le jeu a attiré du public par lui-même, sans mettre plus que ça l’accent sur la communication. Ce qui est super c’est que l’on a parlé de Limoges grâce au jeu, et vice versa.
C’est donc un pari pleinement gagné.

 

Petrocore

Tout comme Narfi, Petrocore est issu de la sous-espèce des Trolls du Périgord (d'où son nom). Il se nourrit de tout ce qui passe à sa portée du moment que ça a été cuit dans de la graisse d'oie, voire de canard. Parce qu'il aime le gras, Petrocore est surtout versé dans la musique métal brutale et toutes sortes de produits faisant preuve d'un bourrinisme sans failles ou d'un humour pas fin.

Lâche ton cri

  • 25 janvier 2016 at 14 h 34 min
    Permalink

    Si on peut aider, c’est avec plaisir !

  • 25 janvier 2016 at 13 h 17 min
    Permalink

    Je ne suis pas très attiré par la pâte graphique mais la mise en place à l’air efficace (c’est dans la valorisation du patrimoine qui parle là).

    Je vais tester ça du coup.
    Merci pour la découverte.

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