Cyborg, le deuxième album de la pépite du rap français Nekfeu

Cyborg, le deuxième album de la pépite du rap français Nekfeu

Oui, au Cri du Troll on aime bien vous surprendre sur nos goûts. Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui ce sera du bon gros peu-ra français. Wesh alors ! Comme disent les jeunes délurés.

Trève de plaisanteries, ce qui se joue ici est plus que sérieux, car voilà, Cyborg, deuxième album du jeune Nekfeu est une bonne grosse patate dans le rap game actuel. Un coup de pied dans la fourmilière d’artiste bas d’gammes qui s’affrontent pour les sommets d’un charts en roue libre depuis toujours. Quand la tendance actuelle est à l’afrotrap ambiancé ou au Vocodeur de la honte, (sérieusement, qu’est ce que c’est que cette merde ?) Nekfeu lui revient aux fondamentaux et récite les gammes bien gentiment, surnageant en pôle position. Incroyable de justesse et de profondeur, il parvient ici à livrer un album sensation qui s’inscrit dans ce que l’on peut faire de mieux dans le rap mainstream hexagonal.

L’école du micro de Feu

Voilà un mec qui créé la sensation. En plein milieu d’un concert épique à Bercy, le gars nous lâche son deuxième album. Boom, comme ça, en live. Effet garanti car secret bien gardé. C’est que le bonhomme sait s’entourer. Pas de fuites, pas de tergiversation, Nekfeu balance un cadeau tout chaud : Cyborg, album surprise.
A la première écoute, on se dit que ouais, effectivement, on a de la chance en France, un sursis : le rap n’est pas encore totalement produit domestiqué. On se rapproche d’un truisme que de penser que le rap s’intéresse au monde qui l’entoure, mais ça, on l’avait un peu perdu de vu récemment, tout submergé par le gangsta rap et le rap de soirée qu’on était (sauf pour ceux qui ont du goût et qui savent que tout n’est pas perdu). Cyborg c’est l’histoire d’un regard. Une œillade sur la société. De rap de Babtou fragile, Nekfeu sublime et transforme pour parvenir au rap proche du conscient, un rap puissant, celui qui prend les tripes et te fait plisser les yeux : oui oui, il y a du potentiel. Le rap de Nekfeu te fait tiquer sur une punchline léchée, propre, efficace et fine. Il te fait même parfois, au détour d’une rime, porter aux nues ce genre qui doit tout à la poésie, et qui sait si bien l’égaler lors de moments de grâce. Et des moments de grâce, Cyborg en dispose : Humanoïde morceau de plus de 6 minutes qui ouvre le bal reste la pierre angulaire de cette galette. Avant tu riais ancre profondément l’album dans une nostalgie, une mélancolie nécessaire qui porte le flow de Nekfeu.

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On retrouve un rap avec des textes, des vrais, poutrant au loin les torchons décérébrés, incultes et analphabètes des « concurrents » actuels (s’il en a encore). Notamment avec Nekkitsu, ou Nekfeu plonge dans ses souvenirs et se livre un peu plus. A noter aussi quelques lourdes prods sur Esquimau, Vinyle et le Regard de gens qui mettent en avant des feats dans l’air du temps avec ses potes (Alpha Wann, Nepal, Framal…). Loin d’un égo trip banal, c’est bien à une mutation que l’on assiste : Nekfeu vit avec son temps et reste captivé par une réalité qui commence à le dépasser. Un peu comme nous tous. Non dénué de défauts (certains morceaux comme O.D ou Programmé paraissent un peu en deçà du reste), Cyborg est une bien belle chose, un beau cadeau à l’approche des fêtes… Nekfeu est un grand, futur immense en pleine ascension. En seulement deux albums et à 26 ans, il s’impose comme l’alternative, le patron d’un rap enfin digne de son époque.

C’est pour les cyborgs défectueux, les Elephant Man
Les mecs instables qu’ont des putains d’valeurs mais les défendent mal,

Humanoïde.

Humanoïde, Nekfeu

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