Slipknot .5 : The Gray Chapter. Ni tout noir, ni tout blanc

Le temps s’est écoulé entre « All Hope Is Gone », quatrième album du groupe sorti en 2008, et cet opus. Six ans durant lesquels le groupe a dû composer avec deux évènements marquants : la mort de leur bassiste Paul Gray (remplacé pour le moment par Alessandro Venturella) et le départ de leur mythique batteur, Joey Jordison. Ces nouvelles ont apporté avec elles leur lot d’ennuis, de démêlés et de règlements de comptes. Une atmosphère qui peut rapidement plomber le travail de composition… Ou au contraire le motiver.

L’objet qui nous intéresse

Renaissance dans la douleur

Accouché dans la rage, la tristesse et tout plein d’autres sentiments négatifs, « The Gray Chapter » a été présenté par ses concepteurs comme un retour aux sources (un grand classique dans les groupes de métal) qui se rapprocherait beaucoup plus de Iowa, leur deuxième et plus brutal album. Alors pour moi, Petrocore, ancien TRÈS GROS fan de Slipknot, il ne m’en a pas fallu plus pour titiller ma curiosité. J’ai toujours été convaincu que « Slipknot » et « Iowa », respectivement leur premier et deuxième album, sont de loin leur travail le plus intéressant : extrêmement percutants, spontanés, enragés, ils ont mis un bon coup de pied dans la fourmilière à l’époque. Cerise sur le gâteau, ils ont été produits par le légendaire Ross Robinson, qui avait aussi œuvré sur les deux premiers albums de Korn.

La première question qui pourrait venir, c’est « Est-ce que le remplaçant de Joey Jordison arrivera à suivre la cadence ? » tant il est vrai que Slipknot, une fois lancé, c’est quand même un peu bourrin et rapide. Bien qu’on ne sache toujours pas qui se cache derrière le masque (des rumeurs insistantes parlent de Jay Weinberg), la réponse est évidente dès « Sarcastrophe », le deuxième morceau de l’album : oui très fort. Ça mouline à la double, ça envoie du break venu des enfers, ça pose même des blasts. Je ne sais pas qui tu es, jeune homme, mais tu tabasses.

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Qui a encore mis de la guimauve dans mon goudron ?

La question ayant été abordée, passons maintenant à ce qui nous préoccupe principalement : la musique. Le chapitre gris est-il donc le retour annoncé vers Iowa ? Slipknot a-t-il vraiment osé le demi-tour, balayant d’un revers de la main « The Subliminal Verses » et « All Hope Is Gone », et avec ça leurs mélodies et leurs jolis chants clairs bien relous ? A vrai dire, pas vraiment. Comme annoncé dans le titre, ce n’est pas aussi simple : ce nouvel album est effectivement beaucoup plus brutal, mais a le cul entre deux chaises.

 « .5 : The Gray Chapter » est très bon, mais est régulièrement plombé par cette désagréable habitude de foutre des trucs « jolis » là où ils n’ont pas leur place. Quelle horreur, ce refrain chanté avec des chœurs guimauves sur « AOV », qui contient pourtant des plans parmi les plus bourrins de l’album ! Oh les gars, on est pas là pour écouter l’enfant dégénéré de Morbid Angel et de Bon Jovi ! Je pourrais aussi vous parler de « Goodbye », la ballade de Slipknot, qu’ils essaient de sauver sur la fin en l’énervant un peu. Qui achète des albums de Slipknot pour leurs légendaires ballades ? Personne, c’est bien ce que je pensais. Mais bon, tout groupe de rock ou de métal est passé par sa ballade niaise, il n’y a pas de raison. Quant aux trucs comme « Killpop » qui se veulent expérimentaux, je ne pourrai que répondre que mettre un peu d’effet sur la batterie ne suffit pas à rendre un morceau expérimental.

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Le single « The Devil In I » n’échappe pas à ce détestable travers

De ce que vous lisez, vous devez penser que je suis un espèce de fanatique anti-mélodie qui considère que le métal, c’est que pour les grosses guitares, la double pédale et les beuglements désarticulés. Si c’est le cas, je vous invite à lire mon article sur Myrath histoire de vous persuader du contraire. Ce que je n’apprécie pas, c’est quand une mélodie sortie de la quatrième dimension vient complètement détruire toute l’énergie insufflée par des riffs violents et incisifs. Bien maîtrisée par contre, cette alliance de sonorités est tout à fait efficace : « Wait And Bleed », morceau emblématique du premier album de Slipknot, y parvenait tout à fait. Le groupe est toujours capable de ce tour de force, la preuve dans le neuvième morceau, »Nomadic », qui réussit parfaitement le pari d’intégrer la (très chouette) voix de Corey Taylor sur le refrain, sans pour autant faire retomber la pression comme pour un ballon de baudruche qui se dégonfle.

Mais sachons rendre à César ce qui est à César : l’album contient quelques morceaux d’anthologie et parmi les plus violents jamais pondus par la bande masquée. Sarcastrophe, Skeptic, Lech ou encore Custer sont dans la droite lignée de ce que Slipknot nous a pondu de plus rentre-dedans, sublimés par la technique et l’expérience acquises au fil des ans. Si on ajoute à cela une production aux petits oignons (mais sur ce point, nous n’avons jamais été déçus), je vous conseille de faire chauffer vos cervicales avant de vous écouter ces quelques pépites : elles risquent d’être sacrément mises à contribution.

L’autre single, « The Negative One ». C’est pas la même ambiance

10742718_10204115763826704_824066312_o-7242053Je trouve vraiment regrettable que certains morceaux ne parviennent pas à garder une certaine cohérence, la faute à des mélodies ou des chants clairs qui auraient gagné à être intégrés un peu plus finement, comme sur Nomadic. Mis à part ça, « .5 : The Gray Chapter » est nettement supérieur à ses deux prédécesseurs, grâce à ses compos énergiques et violentes qui commençaient à cruellement manquer. Il n’y a plus qu’à espérer que ce qui suit ira dans la même direction.

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