Barakamon, une vague de bonne humeur !

Parfois on tombe sur des pépites qui font du bien, comme le thé du matin quand tu as la tête dans le cul. Barakamon en fait partie, l’anime est l’adaptation du manga créé par Satsuki Yoshino. Sorti en 2014 via NTV et Crunchyroll, l’anime a été produit par les studios Kimenas Citrus, et réalisé par Masaki Tachibana. Il est composé de douze épisodes qui sont l’équivalent des six premiers tomes du manga, ce qui est assez court dans le genre des animes. Mais vous savez ce que l’on dit, ce n’est pas la taille qui compte ! Non ! C’est la qualité !

Alors, de quoi ça cause ?

Barakamon, c’est le récit des aventures de Seishu Handa, jeune maître calligraphe aussi talentueux qu’orgueilleux. Sa carrière est mise en péril lorsque Sei frappe un vieux directeur de musée qui juge son œuvre trop classique et sans saveur. Les conséquences sont sans appel : retraite forcée pour le jeune homme sur une des îles Gotō, au fin fond du Japon. Pensant trouver calme et sérénité afin de travailler sa calligraphie, Sei va découvrir bien malgré lui les joies de la campagne nippone…

barakamon-14-1024x576-5455100 Oui, le self-control ce n’est pas son fort…

Le ciel, les gamins et la mer

L’anime se déroule un peu comme le récit de la quête initiatique d’un jeune citadin arrogant que l’air de la cambrousse va adoucir, mais en plus déjanté. On suit l’évolution de Sei, cet acharné du travail quelque peu asocial, durant son séjour sur l’île. C’est en s’ouvrant aux gens qu’il va peu à peu gagner en maturité et ouvrir son esprit, et étrangement, pas vraiment avec des adultes. Même si les villageois ont leur part d’interventions dans l’histoire, oh que oui… Il faut avouer que Sei attire les gamins du village comme des mouches, ainsi qu’un groupe d’ados qui considèrent sa baraque comme leur QG. Un peu comme les petits cousins pot-de-colle qu’on retrouvait pendant les vacances chez les grands-parents, vous voyez très bien le genre. Il se retrouve alors bon gré mal gré dans des péripéties de fifous entre chasse aux insectes, jeu de Tarzan, atelier plongée avec option garderie et j’en passe. Et c’est qu’il va s’y attacher à ces gosses ! En particulier à Naru, un petit bout de 7 ans, avec qui il forme le duo de choc de cet anime.

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La fillette parvient à révéler Sei sous un jour plus doux et joyeux, on a presque l’impression qu’elle apprend la vie à un adulte  qui visiblement, est passé à côté de son enfance. Il y a un vrai parallèle enfant/adulte, entre une gamine dynamique, curieuse et intrépide face à ce génie de la calligraphie susceptible et impulsif (surtout que niveau maturité, ce gars ne vole pas haut !). Une combinaison qui bien évidemment, apporte son lot de scènes hilarantes. C’est touchant de voir leurs liens se resserrer au fil des épisodes comme un grand frère et sa petite sœur entre moments complices et moments je-sens-que-je-vais-envoyer-ce-coussin-dans-ta-tronche.  Le personnage de Naru est particulièrement attachant, sa joie de vivre est communicative et sa spontanéité prête à sourire, sauf si vous avez une aversion pour les enfants, mais là je ne peux rien pour vous !

Côté doublage, c’est de la bonne ! Les voix des personnages sont bien réussies et contribuent à construire leur identité et leur caractère, surtout pour les deux principaux. Il faut dire que Seishu Handa est doublé par le grand Daisuke Ono, spécialisé dans les doublages, on le retrouve dans un nombre hallucinant d’animes ! Une mention spéciale pour la voix de Naru : doublée par la jeune Suzuko Hara qui lui donne ce ton atypique, elle devait être à peine plus âgée que le personnage au moment des enregistrements. C’est ce genre de détail qui apportent un vrai cachet à l’anime !

barakamon-9-1024x571-4226843 Joie et Bonheur

On a le sourire devant chaque épisode, entre des émotions brutes, une atmosphère chaleureuse et un humour maîtrisé. Et c’est un point qui m’a particulièrement frappé, car Barakamon est un slice of life, qui n’est pas à première vue le genre le plus original. Mais le coup de génie de l’auteur se révèle dans le thème abordé, ainsi que le ton utilisé. Plein de second degré et d’autodérision, lanime comporte des scènes « classiques » de mangas, mais le dénouement est souvent surprenant. Il y un jeu sur le comique de situation : entre les quiproquos (oh Tama et les Yaoi…) et des répliques spontanées, qui ne donnent pas l’impression d’être des blagues écrites dans le but de créer un bon gros rire gras. Finalement, c’est pas mal de petits éléments d’écritures qui rendent Barakamon attrayant et unique dans sa catégorie.

barakamon-12-2536785 Oui, cette image est complètement sortie de son contexte

Un petit bout du Japon…

Avec Barakamon, j’ai eu l’impression plus que dans d’autres animes qui illustrent la vie quotidienne (lycée, travail, amour, etc.), de toucher différents aspects de la culture japonaise. Il n’y a pas qu’un simple parallèle entre la vie à la ville et celle à la campagne. L’intrigue nous amène dans un endroit concret, les îles Gotō au large de Nagasaki, et pas simplement « quelque part au Japon ». Même si bon, dans l’anime, on ne sait pas trop sur laquelle des îles de l’archipel s’est paumé le personnage principal.

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barakamon-episode-01-everyone-helps-handa-unpack-578x325-9156511 L’entraide campagnarde nippone.

Dans son aspect visuel, on remarque qu’au niveau personnages, le réalisme n’est pas une priorité. Les traits sont simples mais il y a un vrai travail derrière chacun des protagonistes, qui ont des caractéristiques propres même chez les personnages secondaires. De façon générale, l’anime possède un univers frais et coloré, les paysages semblent être créés comme des tableaux à l’aquarelle, avec le bleu de la mer et le vert des bois qui dominent l’ensemble. C’est (encore) dans les détails que l’on voit le jeu des couleurs et des textures, l’équipe de réalisation n’a pas choisi la facilité dans le travail de ses dessins, au contraire, il y a un réel équilibre entre les dessins et les couleurs. Barakamon est un anime agréable à regarder, doux et acidulé.

On perçoit plusieurs aspects de la vie quotidienne sur l’île comme les maisons : celle de Sei est présentée dans sa structure extérieure et intérieure (portes coulissantes, tatamis, salle de bain chauffée au bois etc.). C’est la vie d’un village campagnard (non, pas franchement comme Bienvenue chez les Ch’tis ! ) qu’on découvre, avec son port de pêche, son magasin où on trouve un peu de tout,  même un vieux téléphone « public » à cadran géré par une vieille dame… Et le patois ! Alors oui, pour ceux qui ne parlent pas japonais c’est comme pisser en l’air, on comprend déjà pas le japonais alors la nuance avec le patois du sud nippon hein… Mais on le ressent tout de même, c’est drôle et rafraîchissant, surtout avec Sei qui décrypte sans vraiment bien comprendre ce que disent certains petits vieux du patelin.

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Une vie rythmée aussi par les traditions, et l’anime nous en offre plusieurs exemples, pas seulement le fameux festival qu’on retrouve souvent dans les mangas. Des traditions plus spécifiques à la région, ou bien rarement représentées, que l’on découvre parfois en même temps que le personnage principal… Comme le fameux lancer de mochis ou l’épisode dans le cimetière pour une fête des morts un peu spéciale. Des moments pittoresques qui sont représentés avec une bonne dose d’humour bienveillant.

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Un dernier aspect culturel qui est au centre de l’histoire, c’est bien sûr la calligraphie. Un art traditionnel très respecté chez les nippons, d’ailleurs Sei est toujours appelé « Sensei » par les villageois, même par les gamins, car il est reconnu comme un maître garant d’un savoir-faire particulier. C’est une marque de respect, entre autres. La calligraphie, on la retrouve dans chaque épisode, que ce soit dans le travail de Sei mais aussi lorsqu’il aide Miwa et Tama, deux collégiennes, dans leurs travaux scolaires, ou lorsqu’il essaie d’initier Naru. Au travers de la quête de Sei, on comprend tout l’aspect philosophique et artistique qui accompagne l’art de la belle écriture. Elle n’étouffe pas le reste de l’histoire, on attend avec impatience ces moments où le personnage principal sort ses pinceaux, prépare son encre pour voir à quoi va ressembler ses prochains essais. Il faut reconnaître qu’il y a une réelle recherche dans l’art de la calligraphie et dans l’évolution de la technique de Sei, même si on reste un peu sur notre faim, en ce qui concerne l’anime en tout cas.

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Barakamon est un anime drôle, frais, qui nous pousse à réfléchir sur notre perception du travail, des relations humaines… sur la vie quotidienne, quoi. Il met en avant l’importance de l’amitié, d’aller vers l’autre malgré les différences. Et à tout âge ! L’histoire est rythmée par les interventions des villageois, mais surtout du groupe d’enfants mené par l’énergique Naru ! Seuls défauts à signaler, je suis un peu frustrée par la fin de l’anime, et par le développement de certains aspects comme la calligraphie !

Il faut saluer particulièrement la capacité qu’a eu Satsuki Yoshino à revisiter le genre du « slice of life » avec intelligence, légèreté et un humour bien caractéristique. Ainsi que le travail du réalisateur Masaki Tachibana et de son équipe, qui ont voulu recréer du mieux possible, et en peu d’épisodes, l’atmosphère du manga et les messages qu’il véhicule. On retrouve le même fonctionnement d’écriture avec Handa-kun, sorte de préquelle à Barakamon où l’on suit Sei dans sa vie de lycéen, dans un style complètement revisité !

On l’aura compris, je conseille vivement de visionner l’anime Barakamon, aussi à découvrir en manga papier !

barakamon-7-350x197-5346208 keep smile !

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