Belphégor sur HBO Max : La claque inattendue qui ressuscite (enfin) le mythe
On ne va pas se mentir, quand on a entendu que Belphégor revenait, on a tous eu la même réaction : un sourcil levé et le souvenir douloureux du film avec Sophie Marceau qui refaisait surface. Et pourtant, cette nouvelle série sur HBO Max, orchestrée par Nils Antoine Sambuc et Thomas Mansuy, a réussi l’impossible : nous réconcilier avec le fantôme du Louvre. Accroche-toi, on te dit pourquoi c’est une vraie bonne surprise.
Le Louvre comme tu ne l’as jamais vu
Oublie l’image de carte postale. Dans cette version, le Louvre est un personnage à part entière, une forteresse gothique qui suinte le mystère. La caméra de Jérémy Mainguy nous offre des plans d’une fluidité folle, transformant les salles du musée en un véritable organisme vivant. On est loin de la visite scolaire, et plus proche d’une plongée en apnée dans un manoir hanté. La série nous submerge d’œuvres d’art, créant une atmosphère unique qui flirte avec le syndrome de Stendhal. C’est beau, c’est angoissant, et ça fonctionne du tonnerre.
Shirine Boutella en état de grâce
Le véritable cœur de la série, c’est elle : Shirine Boutella. L’actrice, déjà aperçue dans Lupin, livre une performance absolument viscérale. Elle ne joue pas la peur, elle l’incarne. Chaque apparition à l’écran est un petit événement. Sa descente aux enfers, entre paranoïa et possible possession, est d’une justesse qui force le respect. Elle porte la série sur ses épaules avec une intensité qui fait froid dans le dos.
Un casting en dents de scie
Malheureusement, le reste du casting peine à suivre la cadence. Si Kad Merad fait le job en père inquiet, Vincent Elbaz et Aure Atika semblent un peu en pilotage automatique. Face à la performance habitée de Shirine Boutella, le déséquilibre est parfois flagrant. C’est le petit bémol qui nous empêche de crier au chef-d’œuvre absolu, mais qui ne gâche pas pour autant le plaisir.
Plus qu’un remake, une réécriture
L’intelligence de cette nouvelle adaptation est de ne pas se contenter de refaire la même chose. La série délaisse l’horreur pure pour un thriller psychologique qui joue avec nos nerfs. L’intrigue se transforme en une allégorie du syndrome de Cassandre : cette femme qui hurle au danger mais que personne ne croit. C’est une relecture féministe maline, doublée d’une quête d’identité touchante. Le format court de quatre épisodes permet de maintenir une tension constante, sans aucun temps mort. On regrettera juste un twist un peu trop prévisible dans le troisième épisode, mais la conclusion, aussi audacieuse qu’émouvante, rattrape largement ce petit écart.
Cette nouvelle version de Belphégor est la preuve que la fiction de genre française a de la ressource. Portée par une réalisation soignée et une actrice principale phénoménale, la série réussit à dépoussiérer le mythe avec intelligence et modernité. Une excellente surprise, disponible sur HBO Max, qui prouve qu’on peut encore avoir la chair de poule dans les couloirs du Louvre.