Les Annales de la Compagnie Noire

« Si on choisit son camp sous le coup de l’émotion, alors c’est aux rebelles qu’il faut se joindre. Ils combattent pour tout ce que les hommes prétendent honorer : la liberté, l’indépendance, la vérité, le droit… Toutes les illusions subjectives, les sempiternels mots-déclic. Nous sommes les valets du méchant de la pièce. Nous montrons que ce ne sont qu’illusions sans objet.

Il n’y a pas de méchants qui se proclament tels, seulement des régiments de soi-disant saints. Les historiographes des vainqueurs décident de quel côté sont le bien et le mal.»

Extrait p. 128, La Compagnie noire, Glen Cook

Un étrange vacarme de sons résonne à vos oreilles. C’est le son des lames qui s’entrechoquent, des cris du champ de bataille, des formules magiques qui fusent… C’est le bruit des horreurs du monde qui se réveillent, des espoirs perdus et des héros déchus.

C’est le long hurlement de la Compagnie Noire.

Le cycle de la compagnie noire, écrit par Glen Cook, -un amerloc qui passait ses heures de travail à l’usine à inventer des univers fous- est une petite merveille de Fantasy. Mais attention m’sieur dames, de Dark Fantasy. « Dark fantasy Dark fantasy… c’est encore un truc à la Tolkien » me direz vous. Et bien nenni !

Dark Fantasy car l’œuvre de Cook est bien plus sombre que celle d’autres écrivains. Pas de méchants, pas de gentils ou plutôt… chaque personnage à un côté sombre, une lâcheté particulière, un vice, un passé crasseux. Chaque personnage est humain en somme.

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« Nous nous rejetons les étiquettes. Nous combattons pour l’argent et une soi-disante fierté. La politique, l’éthique et la morale n’ont rien à voir dans l’affaire. »

Extrait p. 128, La Compagnie noire, Glen Cook

La Compagnie Noire, c’est une troupe de mercenaires sans foi ni loi -à part celle de l’honneur et de la loyauté- qui va se retrouver malgré elle embarquée dans dans une guerre aux intrigues particulières et au dénouement sanglant.

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Découpées en trois Cycles (Les Livres du Nord, Les Livres du Sud, Les Livres de la pierre scintillante ), on suit les aventures de la compagnie sous la forme d’un carnet de bord, rédigé par l’annaliste, qui devient le héros, en quelque sorte, du récit.

Chaque annaliste à son propre point de vue, sa propre personnalité. Racontée ainsi par plusieurs personnages, l’histoire prend un relief particulier qui permet au lecteur d’appréhender l’évolution du récit par des points de vue différents sans jamais perdre sa cohésion. Ce qui fait de cette œuvre un modèle du genre.

On commence la saga en suivant la plume de Toubib, annaliste au sein de la compagnie -et accessoirement médecin, d’où son surnom. Par la force des choses, la Compagnie s’est faite embaucher par Les Asservis, sortes de magiciens quasi increvables à la santé mentale douteuse et à l’inhumain assumé, ramenés à la vie par leur patronne pour une nouvelle ère sanglante de servitude. Pour vous faire une idée, c’est un peu comme si on suivait les aventures de Ian Solo et de ses potes de Star Wars, mais du coté Empire.

Car oui, La Compagnie Noire bosse pour les méchants. Ceux qui massacrent les rebelles (La Rose Blanche) et défendent les intérêts de La Dame -la grande patronne des Asservis, celle qui règne sur l’Empire d’une main de fer depuis qu’un magicien l’a ramenée à la vie sans le vouloir, et qui lutte officieusement contre le retour de son mari, Le Dominateur, encore laissé pour mort et enterré il y a des siècles par les rebelles de l’époque lorsqu’il régnait à son tour sur le monde.

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Ouais, c’est un peu le foutoir à expliquer, mais en gros c’est ça.

La Compagnie Noire subira alors les exigences de la Dame, qui les mènera vers la guerre et les multiples complots et coups bas, véritables leitmotivs de l’œuvre. Tout cela sous l’influence croissante du Dominateur, qui remue dans son tombeau… Forte de personnages hauts en couleur (Toubib, Qu’un-Oeil, Gobelin, Corbeau, Chérie, Les Asservis, La Dame et de multiples autres) la saga de la Compagnie prend aux tripes, et vous plonge dans un univers sombre et dénué de manichéisme larmoyant souvent propre à ce genre de fictions. L’intrigue est extrêmement bonne, l’univers, cruel à souhait. On s’attache facilement aux personnages...

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Bref, on referme ce livre et bim badabim, on se dit que l’on a pris une claque formidable. Et qu’on en aura quelques autres durant cette saga de 13 tomes qui malgré tout s’essoufflera à mi-parcours… Glen Cook étant coupable d’étirer à outrance cette épopée bien malheureusement ad nauseam. Vous l’aurez compris, cette œuvre est différente, et c’est pourquoi votre serviteur vous en a parlé. On peut d’ailleurs spéculer que Glen Cook a inspiré bon nombres d’écrivains, à commencer par George R. R. Martin, chef d’orchestre du génial cycle du Trône de Fer (Game of Thrones).

En somme, c’est un très bon moment de lecture dans les premiers tomes mais qui s’essouffle au fil des livres.

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