UTOPIA, une série anglaise graphiquement folle

Scène d’ouverture : plans fixes, couleurs vives. Des champs sont caressés par le vent. La beauté des images est renversante.

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Changement de décor, on se retrouve dans un geek shop, un magasin de Comics Book où deux jeunes grattent des minutes de lecture avant la fermeture. Deux hommes entrent lentement, ferment la grille. Ils savent ce qu’ils ont à faire. Le vendeur leur dit qu’il va fermer, ils n’en ont cure. Le premier porte un costard-cravate, et sort un tuyau de son sac jaune canard. Le second bonhomme se nomme Arby. Il a la démarche hésitante, quasi pinguinesque et il se pose devant le vendeur. Regard fixe, effrayant de froideur. Au fond de ses yeux on ne discerne qu’un vide glacial, un regard de fou décérébré. Il pose un post-it où l’on discerne « Utopia Manuscript ».

Une première question fuse. Où est ce manuscrit ?

L’homme-costard assassine un des jeunes d’un coup de tuyau dans la tête. L’ambiance frise les températures sibériennes. Après le choc visuel passé, c’est l’ascenseur émotionnel. L’inattendue violence. Le vendeur bafouille, il a peur. Le spectateur aussi maintenant. Ces personnages surréalistes intriguent et terrifient à la fois. On est captivé, happé par l’action en moins de quatre minutes. Une seconde question claque dans l’air, véritable leitmotiv du film. Puis se répète inlassablement jusqu’à la fin de la scène d’ouverture…

 

Utopia est une nouvelle série débarquée d’Angleterre et qui fait son arrivée sur la nouvelle chaîne de Canal : Canal + série. Buzz sur le net depuis la fin de la saison 1 outre-Manche, Utopia a su s’imposer en une saison, comme une série décalée, osée. On a clamé au génie, comme au scandale. Choquante et hors limites pour certains, géniale et sublime pour d’autres, elle s’est creusé un trou dans le paysage sériel du drama en pleine ébullition depuis la fin de la sublime œuvre de Vince Gilligan : Breaking Bad.

Le pitch est simple, à première vue.

david-fincher-nouvelle-adaptation-HBOQuatre personnes : Grant, un gamin white trash ; Wilson, un hacker survivaliste et complotiste ; Becky, doctorante en médecine ; et enfin Ian, consultant informatique. Ils possèdent chacun la première partie d’un comic’ book (BD américaine, si quelqu’un se demande encore) nommé Utopia.

Ce Comic légendaire à l’art viscéral est devenu objet de collectionneurs et fédère une petite communauté de geeks.

Leurs malheurs commencent alors qu’ils sont sur le point de découvrir la deuxième partie du roman graphique : mythe ultime car jamais publiée, et censée renfermer la vérité sur les catastrophes sanitaires les plus meurtrières du siècle. Ils se font alors prendre en chasse par le Network, une entreprise mystérieuse qui veut à tout prix mettre la main sur le manuscrit et qui laisse derrière son passage un long sillon sanglant. Je n’en révélerai pas plus, car Utopia est rondement menée, et mérite que l’on se laisse guider par l’intrigue.

Visuellement bluffante, bande-son à vous scotcher, scénario sympatosh, bien qu’un peu prévisible, Utopia ne peut pas laisser indifférent et rappelle l’entrée fracassante de la déjà mentionnée Breaking Bad. Enfin des séries qui osent, qui vont au bout des choses. Avec des acteurs qui se donnent, qui vivent leur personnage et qui n’ont pas peur d’oser eux aussi à leur tour. Qui, stylistiquement, proposent quelque chose de nouveau. Ici on s’approche du domaine graphique des comics dont il est question au sein même de la série.

Ah que ça fait du bien !

Des personnages cohérents et terriblement bien interprétés (le personnage de Arby vraiment excellentissime, celui de Dugdale, juste de bout en bout) d’autres un peu plus transparents (je pense à Ian qui n’apporte rien à l’intrigue, Becky qui agace…).

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Pure et brutale. Trash et intelligente.
Addictive, grisante et intrigante.

Série en devenir, qui peut grandir très vite mais attention, à ne pas mettre entre toutes les mains. Dommage que le twist de fin soit,  à mon goût, un peu bâclé.

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– Where is Jessyca Hyde ?
Arby.

 


LazyLumps

Déjà petit, le troll Lazylumps collectionnait les cailloux. Après en avoir balancé un certain nombre dans la tronche de tout le monde, il est devenu le "Rédak' Chef" de la horde, un manitou au pouvoir tyrannique mais au charisme proche d'un mollusque. Souvent les nuits de délire on l'entend hurler "ARTICLE ! ARTICLE ! IL FAUT UN ARTICLE POUR DEMAIN".

Lâche ton cri

  • 24 octobre 2015 at 20 h 58 min
    Permalink

    Un sacré morceau qui ne peut pas laisser indifférent : on aime ou on déteste ! En tout cas ça fait du bien au milieu des 15k séries médicales/policères…

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