Arena : For the Gods! – Quand les dieux ne sont pas Amour

Ce qui est bien quand on est à la fois chômeur et confiné, c’est qu’on a pleeeeeeein de temps pour écrire un article ! Et il y a un jeu de société vraiment sympa – sans être révolutionnaire – dont je voulais vous parler depuis un bail : Arena : For the Gods! de Maxime Rambourg, édité par IELLO. Si vous aimez les trips mythologiques ainsi que les jeux de baston un peu bourrins et chaotiques du style King of Tokyo, il y a peut-être moyen que cette pépite brute vous intéresse.

Enchère et en os

Les Dieux ont l’air de s’ennuyer assez sévèrement… Du coup, quoi de mieux pour se distraire que d’organiser de brutaux combats entre leurs champions ? Hein, je vous le demande ? En début de partie, chaque joueur choisit un guerrier caractéristique d’un panthéon : égyptien, japonais, grec, précolombien, hindou ou scandinave. Pas encore de bonus ou de malus à ce stade du jeu, ce n’est qu’une question de préférence esthétique.

Selon le nombre de joueurs que vous êtes et le genre de partie que vous voulez jouer, le livret de jeu vous proposera plusieurs configurations pour votre arène de bataille. Plus ou moins petite, elle pourra aussi disposer d’un nombre variable de pièges, de piliers ou de fontaines de soins. Prenez bien cet aspect en compte, il faudra l’avoir en tête lorsque viendra le moment de vous stuffer.

Et ce moment, le voilà déjà ! Il existe quatre types d’équipements : les armes, les montures, les armures et les pouvoirs divins. Ils ont bien sûr tous des effets différents mais aussi de petits symboles (une épée, un bouclier, une empreinte de patte ou un éclair) indiqués sur leurs cartes et qui vous permettront de les utiliser. Nous verrons comment un peu plus tard.

On pioche en premier lieu autant de cartes qu’il y a de participants dans la pile des armes, et on les présente bien en évidence. Mais comment décider alors de qui va prendre quoi ? Eh bien tout bêtement par un système d’enchère un peu particulier. Car ici, pas question de miser de la thune mais plutôt des points de vie. Oui, vous allez payer avec VOTRE SANG ! Chaque joueur va prendre autant de petits carrés rouges (de PV donc) qu’il le veut dans sa réserve. On compte 1, 2, 3 et PAF PASTÈQUE celui qui s’en est perfusé le plus gagne l’immense honneur de choisir son arme en premier. Puis vient le deuxième, le troisième etc. le tout dans un ordre décroissant. En cas d’égalité, les enchérisseurs peuvent se mettre d’accord ou s’en remettre au hasard. On appliquera la même méthode aux montures, armures et pouvoirs divins. Prudence donc car même si avoir la priorité du choix confère un avantage certain, les points de vie peuvent descendre bien vite durant cette phase d’enchère.

On notera que même si les pièces d’équipement renvoient elles aussi à un panthéon bien défini (foudre de zeus, Fenrir, hache de Ganesh etc.), le choix de votre champion ne vous limite en aucune manière lors de cette phase. Il est donc tout à fait possible d’incarner une valkyrie coiffée d’un kabuto de samouraï, maniant le trident de Poséïdon et chevauchant Quetzalcoatl ! C’est la fête !

Sans chemise, sans panthéon

Penchons-nous maintenant sur la deuxième phase du jeu, celle de la bagarre. On commence d’abord par placer son pion sur le rebord de l’arène. Après ça, CARNAGE ! Le but est clair : il va falloir, chacun son tour, cogner, taper, trancher, foudroyer, dévorer… Bref vous m’avez compris. Essayez quand même de réfléchir (un peu) car si la partie s’arrête dès qu’un joueur n’a plus de points de vie, c’est celui à qui il en reste le plus qui remporte la victoire ! Les PV étant dissimulés, donner des coups dans tous les sens sans avoir un minimum de lecture de jeu peut vous faire perdre la partie alors que vous pensiez vous débrouiller comme un chef.

Coté système de jeu, c’est assez simple : vous disposez à chaque tour de sept dés à lancer. Sur leurs faces vont apparaître les même symboles que ceux présents sur vos cartes équipements. Les plus malins auront alors deviné (les moins malins aussi si ça se trouve) qu’il vous faudra « dépenser » vos dés pour activer les effets conférés par votre matos. Vous pourrez vous déplacer, frapper, retirer des dés à un adversaire, pousser vos ennemis (dans un piège, dans un mur, dans un autre gars etc.) et encore bien d’autres possibilités ! C’est là qu’on se rend compte qu’Arena : For the Gods! est bien plus profond qu’il n’y paraît. En plus de construire une bonne adéquation entre son arme, son armure, sa monture et son pouvoir divin, un joueur avisé aura en effet pris soin de choisir des cartes ayant une répartition intelligente de symboles, s’assurant ainsi de pouvoir effectuer des actions efficaces quel que soit le jet de dés. Un massacre en bonne et due forme, ça se prépare nom d’une pipe !

Quelques petits défauts empêchent cependant Arena : For the Gods! de rentrer au panthéon (*clin d’œil*) des jeux défouloirs. En premier lieu les illustrations qui, si elles sont d’une qualité certaine, manquent vraiment de profondeur et de personnalité. Dommage, car le reste du matériel – tours à construire, tuiles en carton, PV – est bien foutu, le tout pour un prix vraiment abordable. L’autre écueil, et je ne parle pas de celui qui mange des noisettes, découle du système de jeu en lui-même : vu que toutes vos actions sont tributaires de votre jet de dés, impossible de prévoir votre tour à l’avance. Alors ok, on est pas dans un jeu qui nécessite une grosse réflexion sur des objectifs mais il suffit que vous ayez dans votre bande de joueurs un ou plusieurs « grands stratèges » (AKA ceux qui réfléchissent pendant dix minutes pour au final juste balancer un pauvre coup d’épée) pour que le rythme du jeu prenne un sévère coup dans l’aile.

Arena : For the Gods! est le type même de jeu de société qui fait le taf. Un petit aspect de réflexion dans ce système d’équipement aux enchères, pour s’assurer combos et diversité, puis une bonne grosse dose de baston non dénuée de sens tactique dans l’arène : que demande le peuple ? Les quelques défauts sont bien trop minimes pour que j’ose vous déconseiller cette simulation de combat mythologique fun. Alors hurlons tous ensemble : DU SANG POUR LE DIEU DU SANG ! (comment ça je me suis trompé de panthéon ?)