« Compelled to Repeat » de BEGGAR : les puissances de Londres

Aujourd’hui on braque les projecteurs sur le premier album d’un groupe londonien de sludge/extreme metal, j’ai nommé BEGGAR et leur galette Compelled to Repeat. Et franchement, pour un premier album, les petits gars d’outre-Manche en ont sous la pédale (de disto principalement).

Melting potes

Pas évident de faire un descriptif exhaustif de la musique des Britanniques (sauf toi le batteur Bertrand Sautier, j’ai reconnu en ton patronyme un bouffeur de cuisses de grenouilles) mais essayons quand même : l’étiquette la plus évidente, utilisée plus haut, est celle du sludge-metal à la Mastodon. Croisement de doom metal et de punk hardcore, on retrouve tout au long des pistes ces riffs lents, lourds et bien gras typiques d’un genre nihiliste à souhait. Rendons hommage à la production, car le son que je qualifierais de « bourrin travaillé », cette abrasivité présente sur tous les instruments (y’a qu’à voir le son de la grosse caisse notamment sur les passages à la double) appuient la volonté de BEGGAR d’en découdre.

Et pour les plus agacés, ne vous en faites pas : quelques passages dignes des plus beaux brûlots de Napalm Death sauront vous ravir ! Y’a même du blast-beat té ! Le chant, souvent saturé, explore toutes les manières possibles de se racler les cordes vocales avec la plus grande efficacité. Ce n’est pourtant pas une raison pour muler tête baissée dans le mur, les compos témoignent d’une maturité assez remarquable pour une première production. Variées, bénéficiant de mises en place solides et de quelques parties mélodiques rafraîchissantes, évitant l’écueil de l’éculé « couplet-refrain-couplet-refrain-pont-refrain », elles sauront offrir à l’aventurier de l’extrême/sludge metal (et Dieu sait qu’ils sont nombreux LOL) une exploration qui comblera leurs attentes.

Reculer pour mieux Sautier (désolé Bertrand, mais on nous oblige à écrire des titres un peu rigolos au Cri du Troll et j’ai pas trouvé mieux)

Nul besoin de vous faire un dessin donc, Compelled to Repeat est un premier album très prometteur. Le Cri du Troll est d’ailleurs fier de le faire découvrir à son public le plus énervé, en espérant que cela donne un petit coup de pouce à ce groupe qu’il va falloir surveiller de près.

Mais qui de mieux placé que le groupe lui-même pour nous parler de son album ? Sûrement pas un « wannabe » chroniqueur musical de seconde zone issu du Périgord n’est ce pas ? Place donc à l’interview de Bertrand Sautier.

1) Bonjour Bertrand. Je te propose de commencer par le commencement et de nous présenter BEGGAR : ses membres, son parcours etc.

Beggar s’est formé en 2012 à Bristol puis s’est regroupé à Londres en 2015. Je les ai rejoints en 2016 lorsqu’ils cherchaient un nouveau batteur. Le groupe comprend Charlie (Basse/vox), Abs (Guitare), Jake (Guitare) et donc moi à la batterie. Nous avons enregistré 3 EP et sortons cette semaine (NDLR : c’était la première semaine d’avril, on est à la bourre) notre premier Album sur le label APF records.

2) Qu’est-ce que l’auditeur de Compelled to Repeat pourra trouver comme influences musicales dans cet album ?

Compelled to Repeat est la somme de nos influences et de la vision que nous souhaitons donner à notre musique. On retrouve beaucoup d’éléments issus de genres différents du metal, avec des riffs très sludge, des blasts, et parties death, stoner etc. L’idée pour nous était de donner une cohérence à ce mélange sans créer un empilement de riffs stérile. Pour moi qui vient du Grind/death, l’album me parait très dynamique et accessible alors que pour quelqu’un qui écoute principalement du Stoner, l’écoute paraît sans doute très agressive.

3) Le Sludge n’est pas connu comme étant le genre le plus optimiste au monde, et je crois que Compelled to Repeat ne fait pas exception à la règle. À quel genre de paroles on peut s’attendre ?

En effet, le tableau brossé par Charlie dans cet album n’est pas le plus joyeux et lui sert de catharsis, le tout injecté d’influences littéraires. C’est une description, un angle particulier de l’inhumanité qui règne parfois dans nos sociétés modernes et invite à une introspection. Certains titres sont basés sur des thèmes initialement développés par des auteurs comme David Foster Wallace, Freud, Emil Cioran et ont souvent un angle pessimiste.

4) Une fois que ce virus de merde aura fini de cadenasser l’activité culturelle mondiale, je suppose que vous avez des concerts de prévus ? Vers où ?

On avait prévu pas mal de concerts pour la sortie de l’album mais aucun n’a pu être maintenu. On espère trouver encore des salles ouvertes quand le confinement sera levé et on essaye d’aider les labels et promoteurs à tenir le coup en ce moment mais c’est très dur. On a des dates prévues en Angleterre en mai qui vont probablement sauter et quelques festivals cet été, notamment l’Obscene Extreme en première partie d’Author & Punisher mais on doute un peu qu’ils auront lieu. Dès que ça sera suffisamment safe, on a hâte de repartir sur la route et enfin rejouer ! On va faire un mini tour avec Desert Storm en Novembre dans le nord du pays. En attendant on bosse sur notre technique à la maison comme des cons.

5) Premier album, ça fait plaisir. Quels sont les projets pour le futur ?

Tourner le plus possible, partout où on nous invitera, continuer à composer en essayant d’intégrer toujours plus de dynamiques dans nos titres et promouvoir le label APF records qui nous fait confiance et chez qui on a trouvé un soutien incroyable.

6) Allez, comme d’habitude : le mot de la fin pour vous !

Dans ces temps où rien ne se passe, il est important de continuer à soutenir les labels, promoteurs et groupes qui ne peuvent plus jouer nulle part. Merci.

Petrocore

Tout comme Narfi, Petrocore est issu de la sous-espèce des Trolls du Périgord (d'où son nom). Il se nourrit de tout ce qui passe à sa portée du moment que ça a été cuit dans de la graisse d'oie, voire de canard. Parce qu'il aime le gras, Petrocore est surtout versé dans la musique métal brutale et toutes sortes de produits faisant preuve d'un bourrinisme sans failles ou d'un humour pas fin.