Musique

Enki – nouvel album des démons sumériens Melechesh

Dans le milieu du métal, et surtout dans ses penchants les plus extrêmes comme le death ou le black, il est fréquent qu’on fricote avec l’ésotérisme. La plupart du temps, c’est de Satan et de ses sbires qu’il est question. Des fois, et surtout avec la pelletée de groupes qui nous viennent des contrées scandinaves, c’est le panthéon viking qu’on épluche. Mais certains petits originaux, qui n’aiment pas faire comme les copains, s’intéressent à de personnages occultes beaucoup plus exotiques. Melechesh, groupe dont nous allons parler ici et originaire d’Israël, est en plein dans cette mouvance : depuis 1995, ses membres délivrent un black métal brutal, fortement marqué par des influences moyen-orientales autant au niveau des paroles que de la musique. Leur nouvel album Enki sort le 27 février en Europe via le label Nuclear Blast. Qu’en est-il ?

melecheshenkicoverLa pochette d’Enki. Comme ça, vous êtes sûrs de pas la rater dans le bac à CD

Récurer les cages à miel : plus qu’une passion, un métier

Je suis pour ma part un assez gros fan de Melechesh. Pour tout vous dire, je les suis depuis l’album Djinn de 2001, qui était bien mais pas top. Bien, parce que c’était assez rafraichissant d’entendre de nouvelles gammes dans le monde du black métal, pas top parce que le travail de compo, bien que prometteur, n’était pas encore à son paroxysme. L’album d’après, Sphynx, était bien au-dessus et avait mis pas mal de monde d’accord. Melechesh, depuis ce jour, n’a plus fauté. Une bien bonne habitude qu’ils semblent avoir gardée pour cette nouvelle livraison.

La première chose qui frappe, c’est la production. Les gens qui sortent chez le label allemand Nuclear Blast ont toujours droit à un son propre et puissant, mais alors là, c’est juste évident dès les premières notes un peu énervées. Enki s’ouvre sur la chanson « Tempest Temper Enlil Enraged » qui, après 45 secondes de chauffe, envoie son intro brutale, avec déjà du blast-beat à la batterie (comprendre « ma batterie s’est transformée en mitrailleuse lourde M60 ») . Malgré cette extrême violence, chaque instrument se détache avec limpidité, sans baver.

Comme le disait le grand philosophe italien Pirelli, qui s’y connaît un pneu dans le domaine, « sans maîtrise, la puissance n’est rien ». Et ce son d’orfèvre sert à merveille la musique gonflée à bloc de nos Mésopotamiens. Que ce soit dans le morceau suscité « Tempest Temper Enlil Enraged », dans le suivant « The Pendulum Speaks » ou encore dans mon petit chouchou « The Palm The Eye And Lapis Lazuli »… Ouais bon en fait dans tous les morceaux (sauf un qui se la joue atmosphérique, on y reviendra), le son sert à merveille une musique pensée pour être efficace. Résultat, chaque petit arrangement, chaque riff acéré, chaque embardée à la double pédale fait mouche, inlassablement. Et ça, c’est beau.

double pédaleLa double pédale, fidèle compagne des métalleux avides de tempos ardents

Enki, Ea, Enlil et toute la bande

Mais si avoir un son de malade suffisait à tout déchirer, Manowar serait le meilleur groupe du monde (et on sait tous très bien que… hum… enfin voilà quoi). Or, comme je l’ai laissé sous-entendre dans le dernier paragraphe, Melechesh n’est pas une bande de branquignoles. Le travail de composition sur Enki est dans la continuité de ce à quoi ils nous avaient habitués. Bien loin de structures aussi évidentes que « couplet-refrain-couplet-refrain-pont-refrain » enchainées sans inventivité ni créativité, les morceaux regorgent de transitions placées au micropoil qui rendent le tout fluide et technique. Et même les oreilles les moins endurcies devront admettre le niveau très très honorable de ce joyeux orchestre, que ce soit avec les morceaux les plus frénétiques qui alignent les moments de bravoure à un rythme soutenu (« Lost Tribes », « The Pendulum Speaks », « The Palm The Eye And Lapis Lazuli ») ou au contraire sur des plans plus lents, où les musiciens ne jouent plus sur la brutalité pour frapper fort et doivent donc redoubler de créativité (Une bonne partie du très long « The Outsiders », « Multiple Truths »).

Si Melechesh se revendique comme du « black métal mésopotamien », ce n’est pas juste pour faire joli sur la fiche wiki. A l’instar de Myrath, les riffs du groupe ont été hybridés avec des gammes moyen-orientales du plus bel effet. Et pas juste une fois de temps en temps histoire de faire parler du journaliste, non non ! Tout les morceaux d’Enki ont leur dose. Niveau atmosphérique, on a droit à quelques rares intros où ça gratouille un peu d’instrument traditionnel, et à un morceau entier d’ambiance « Dorrways to Irkala ».    

Melechesh-Promo#OKLM SUR MON TAPIS LOL

Et puis histoire d’enfoncer le clou jusqu’au bout du bout, les paroles vont dans le même sens. Les titres des chansons, déjà, sont autant de références à l’occultisme moyen-oriental : « Tempest Temper Enlil Enraged » (Enlil est un dieu majeur du panthéon mésopotamien), « Enki – Divine Nature Awoken » (Enki est le maître des eaux douces souterraines nommées Abzu) ou encore « Doorways to Irkala » (Irkalla étant le séjour des morts akkadien). Vous allez donc pouvoir vous armer d’une solide dose de patience et de tous les liens de Wikipedia sur la question si vous vous décidez à traduire les paroles ou pire ! En déchiffrer le sens.


Voici d’ailleurs la vidéo de « Multiple Truths », avec les paroles et plein de jolis effets

Enki est un excellent album de black métal, de métal et même de musique en général. Melechesh, qui n’a plus rien à prouver dans son domaine, impose son style. A la différence de Slipknot, qui ne parvient toujours pas à affirmer son identité et à l’assumer, le groupe a parfaitement trouvé l’équilibre entre les codes du genre « black métal » et l’originalité de son concept. Alors bon, oui, je saaaaaais, ce n’est pas un style qui va convenir à tout le monde, très loin de là, mais pour ceux qui aiment ou qui ont juste envie d’y jeter une oreille, lancez vous !

Et en plus, y a un featuring de Max Cavalera (Sepultura, Soulfly) sur « Lost Tribes ». Si ça c’est pas génial !

Petrocore

Tout comme Narfi, Petrocore est issu de la sous-espèce des Trolls du Périgord (d'où son nom). Il se nourrit de tout ce qui passe à sa portée du moment que ça a été cuit dans de la graisse d'oie, voire de canard. Parce qu'il aime le gras, Petrocore est surtout versé dans la musique métal brutale et toutes sortes de produits faisant preuve d'un bourrinisme sans failles ou d'un humour pas fin.

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