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Godzilla : L’histoire du Roi des Monstres (Partie 2)

Nous nous retrouvons donc pour poursuivre notre enquête sur la fantastique carrière de Godzilla. Nous aborderons ici la période la plus contemporaine de celle-ci sans oublier d’évoquer un petit peu le futur du personnage (attention toujours dans sa version japonaise, le Monsterverse de Legendary Pictures ne sera donc que très brièvement mentionné).

La Saga Millenium (1999-2004), ramenez de la drogue, on en avait plus !


Quand Roland Emmerich sort son Godzilla en 1998, il ne s’est pas fait que des amis de l’autre côté du Pacifique. Son iguane géant qui se fait éclater par l’armée américaine a quelque peu embarrassé les studios Toho. Ceux-ci ont donc décidé de ramener (pour de vrai du coup puisqu’ils ne pensaient pas refaire des films de cette licence) à la vie Godzilla, histoire d’apprendre à ces américains comment on fait un film de monstre. Et comment dire… Ils se sont un peu perdus en route. Si le premier film tente un peu d’être sérieux (malgré la présence d’un OVNI et d’un monstre extraterrestre) avec un Godzilla relooké plus agressif que jamais, les cinq autres sont plutôt… excentriques ?

Ici, les Japonais n’ont pas le temps, hop hop hop, pas de continuité ou presque, tout est un reboot, on nous colle Mothra, Ghidorah, Rodan dans le même film, les héros sont des super militaires trop classe t’as vu. Mechagodzilla a tout de même droit à 2 épisodes qui sont plutôt réussis… Bon, la structure du mecha est faite à partir des ossements du premier Godzilla de 1954, qui prennent le contrôle de la machine et qui ne font plus 50m de haut mais 100 parce que sinon il serait plus petit que le nouveau Godzilla, ce qui serait un peu limite. Rien de très extraordinaire en fin de compte. Le film suivant va tenter de tuer le Kaiju avec un trou noir artificiel tiré d’un satellite sur orbite. Vous pensez que ce n’était pas assez dingue ? Les réal non plus, alors ils ont ajouté des libellules géantes. Des « petites » trop mimi et une grande très très méchante (avec des cornes et des piques, attention !) Déjà que Mothra ça fait des gros moments de solitude pour notre lézard (il ne vole pas alors pour l’attraper c’est chaud) mais là, les libellules façon Mogwaï et gros Gremlins, c’est carrément la gène. Mais tout ça ce n’est rien, rien du tout, comparé au génialissime, nanardissime, Godzilla Final Wars (2004).

OK je respire un bon coup, et je vous raconte.

Vous connaissez Matrix ? Power Rangers ? Independance Day ? Terminator ? Devil Girl From Mars ? Okay bah vous prenez tous ces films, vous les mélangez. Ça donne un truc complètement aberrant ? C’est qu’on est en bonne voie. Maintenant vous y ajoutez Godzilla. Oh et puis non ça ne suffira pas. Mettez y TOUS les monstres que le studio a produit depuis Le retour de Godzilla en 1955, oui tous. Et maintenant vous organisez un Battle Royale gigantesque avec pour arène la Terre dans son ensemble. Voilà, là, vous avez l’idée générale du scénario de Godzilla Final Wars. Dire que c’est du n’importe quoi ce n’est même pas suffisant pour commencer à qualifier l’expression de votre What The Fuck le plus distingué. C’est par contre indéniablement le plus fun de tous les films Godzilla. Une fois encore les studios Toho ne pensaient pas que la licence Godzilla repartirait alors ils voulaient lui faire un final en beauté. Avec tous les monstres. Mais bon sang, mais qui était ce scénariste ? Et qu’est-ce qu’il prenait au p’ti dèj ? Du crack dans un bol de thé ? Bref si vous avez un petit peu plus de 2h devant vous et que vous voulez être émerveillés, surpris et morts de rire c’est le film qu’il vous faut.

Dans la saga Millenium la personnalité de Godzilla redevient très binaire, ce n’est plus un animal qui défend son territoire mais bien plus une créature immensément maléfique qui va détruire l’Humanité par tous les moyens qu’elle a à sa disposition. Cette fois, pas de virage vers la gentillesse, il est et reste le méchant toute la durée de la saga, de même exit le mioche (et ce n’est vraiment pas plus mal). Mais il faut bien avouer que son rôle est grandement réduit tant le n’importe quoi ambiant l’éclipse. Les films en effet prennent leur temps pour bien expliquer leurs trucs complètement dingues et c’est malheureusement souvent au détriment des apparitions du dinosaure radioactif. Cependant lorsqu’il est à l’écran, qu’est ce qu’il est bourrin !

De la saga Millénium (1999-2004), je recommande : une nouvelle fois tous les films. Mais pas du tout pour la même raison. Ceux-ci sont complètement barrés, essaient trop de trucs en même temps, oublient leur propos initial, ce sont six films, six parfaits nanars, que vous pourrez savourer entre potes avec quelques bières !

Shin Godzilla ou Godzilla Resurgence, vers une nouvelle saga ?

Il fallait s’y attendre, en 2014 les américains ont sorti un Godzilla, avec le réalisateur de Rogue One aux commandes alors évidemment les studios Toho se sont retroussés les manches et ont entamé leur version pour les soixante ans de la licence. Vous pouvez retrouver facilement notre critique du film de Gareth Edward ici au bout de ce lien aussi je ne vous embêterai pas plus longtemps avec (d’autant que ça fait deux articles que je vous tiens la jambe avec mon lézard géant).

Shin Godzilla, ou Godzilla Resurgence comme il est appelé internationalement est donc la dernière itération des aventures du Roi des Monstres et autant vous le dire de suite : ils ont mis les petits plats dans les grands. Embauchant au passage les scénaristes d’Attack on Titan et de Neon Genesis Evangelion cette histoire va nous présenter le Godzilla le plus étrange depuis sa création (aussi le plus grand et très certainement le plus puissant). Là encore pas de monstre annexe qui vient polluer l’écran (et du coup troisième meilleur film de la licence. Coïncidence ? Je ne crois pas !) Le monstre est seul face à une humanité désemparée d’autant que c’est un véritable reboot de la licence (aucune allusion n’est faite à 1954 si mes souvenirs sont bons). La créature va évoluer en cours de film et toute cette progression magnifique, étrange et effrayante met totalement à genoux la narration hachée du Godzilla américain surtout que le final est bien plus épique.

Si le film est excellent dans sa forme, ses effets spéciaux et sa mise en scène il est par contre assez déroutant sur le fond. La saga a toujours été très écolo et pacifiste mais cette fois, Shin Godzilla nous montre un Japon frustré. Frustré de son impuissance militaire, condamné depuis 1945 à avoir une armée uniquement défensive qui manque donc de moyens pour faire face à une menace aussi extraordinaire. Frustré également d’être obligé de demander de l’aide aux puissances étrangères qui menacent aussi indirectement le Japon par leurs utilisations d’armes de destruction massive. Bref on sent un certain ras le bol japonais de ce vieux traité les privant d’une véritable armée. Mais tout en condamnant l’utilisation des armes trop puissantes et en faisant de la catastrophe de Fukushima le point d’origine du monstre. Déroutant, je vous dis.

Godzilla, pour sa part, n’a jamais été aussi proche de la matérialisation d’un cataclysme. Cette terreur primale que j’évoquais lors de la première partie, que les Kaiju sont sensés incarner, prend véritablement corps dans ce monstre géant décharné, au regard vide et aux dents saillantes. Habituellement lorsqu’il sort de l’océan, on voit un acteur trempé essayer de marcher en ayant l’air vénèr. Dans ce film, on tremble et on espère qu’il va repartir bientôt, parce qu’on ne pige rien à ce qu’il est, ce qu’il vient faire et pourquoi il est là. Cette peur de l’inconnu, que je n’avais jamais ressenti devant un Godzilla (à part éventuellement le premier), combinée à notre sentiment d’impuissance face à cette aberration donnent un résultat détonnant d’excitation et de terreur. On veut et en même temps on ne veux surtout pas voir de quoi cette chose est capable. Réussir ça avec un gars dans un costume en caoutchouc, rien à redire, chapeau bas !

En tout cas avec un design pareil ils peuvent compter sur moi pour quinze suites ! Hâte de voir Zombie Mothra et Death King Ghidorah !!! Pour patienter et en attendant d’en savoir davantage, Godzilla sera de retour pour la première fois en animation 3D sur Netflix avec une trilogie : Godzilla Planet of the Monsters ! Godzilla, 20 000 ans après le départ de l’Humanité de la Terre, a conquit le monde. Les humains font leur retour, pourront-ils survivre à une planète remplie de monstres dont le lézard est Roi ?

Voilà, nous avons achevé l’histoire tumultueuse du Kaiju le plus célèbre de la planète. Ayant révolutionné le cinéma fantastique japonais, puis s’étant enfermé dans des schémas narratifs poussifs, sa carrière a connu des hauts et des bas. Si le sujet semble difficile d’accès, l’indisponibilité des films n’aidant en rien et plus d’une trentaine de métrages qui se mélangent et qui nous perdent, le jeu peut tout de même en valoir la chandelle. Les costumes kitch, les musiques cultes, ce mélange étrange de stop motion et d’acting dans un costume bien trop encombrant ont quelque chose de touchant. Le mieux reste encore de commencer par le premier et si vous êtes un cinéphile exigeant, d’en rester là. Les autres pourront s’amuser à trouver sur internet les très nombreuses suites et faire eux-même leur sélection des meilleurs films Godzilla. Sinon le jeu vidéo Godzilla sorti en 2014 sur PS3 et PS4 (privilégiez cette version) est aussi une très bonne porte d’entrée. Il vous donne accès à plein de monstres tout en vous expliquant rapidement leur histoire et l’ambiance est très proche de la saga Heisei. De plus c’est le plus beau jeu Godzilla à ce jour, ce qui est toujours un bonus !

 

Nemarth

Cet individu est un gobelin fait homme. Hautement imprévisible, il représente un danger pour la Société. A éliminer à vue.

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