La Rédak’ propose : « J’assume » version collège – si tu m’avais rencontré à 14 ans, j’étais fan de…
Oyez oyez ! Ce samedi, on a du dossier ! La rédak’ propose de t’emmener dans les limbes de son adolescence pour un « j’assume » version collège. Hé oui car, si ça fait plus ou moins longtemps qu’on en est sortis (on ne donnera pas de chiffres pour ne vexer personne) on en a tous indubitablement gardé quelque chose. C’est l’âge où on découvre qui on est, en essayant de trouver sa place par rapport aux groupes et aux goûts dominants, l’âge où on est fan, l’âge où le reste de toute façon c’est nul, où on se définit par tout un tas de petits surplus d’identité qu’on porte fièrement, qu’il s’agisse d’un pin’s, d’une paire de basket ou d’un nom marqué au blanco sur un sac à dos. Si tu es toi-même au collège cher lecteur, je reprendrai les mots d’Ash dans Alien pour te dire que « je ne te mentirai pas sur tes chances d’épanouissement social mais tu as toute ma sympathie ». Alors vas-y, découvre !
The Gone Jackals
Par Nemarth
Au collège, c’était dur. Je n’avais pas beaucoup d’amis, j’avais de trop bonnes notes pour être cool, je n’avais pas non plus les dernières Nike™ mais pire que tout : je n’aimais pas le rap. À l’époque où Skyrock était ta radio préférée (et hop gagné 10 000 francs toi même tu sais) bah moi je subissais en silence. Alors forcément chercher des alternatives n’était pas simple. En me tournant vers la techno, j’ai écouté avec plaisir Floorfilla mais je ne m’étendrais pas plus dessus. Non désolé, je n’assume pas, c’est vraiment trop la Teu-hon. Jusqu’à ce jour béni où j’ai entendu pour la première fois cette phrase : « Dès que je sens l’odeur de l’asphalte, je pense à Maureen. » Le ciel était bleu et une gratte tranquillement enchaînait quelques accords. Je venais de lancer le point&click de LucasArt, Full Throttle. Quelques secondes plus tard, après une nouvelle réplique culte (« Rip Burger, t’es con à bouffer de la poussière ! ») une bande de motards débarque et la guitare se lance sur un riff bien gras. Le ton de l’aventure était donné et mon goût musical venait d’être bouleversé à jamais ! Fini les blablas interminables de banlieusards énervés, bonjour les solos infinis, la double pédale et la musique de bourrin !
Impossible maintenant pour moi d’être objectif lorsqu’il s’agit de parler des Gone Jackals, les rockeurs qui ont signé la bande originale de ce jeu légendaire. Comprends-moi, c’était ma première fois ! Alors oui c’est basique comme musique, Iron Maiden, Led Zepp et les autres ont fait 115 fois mieux mais la découverte pour moi c’est ces quatre gars-là et je vais te confier quelque chose… Je suis toujours fan !
Kyo et Evanescence
Par Am’s
Alors moi, tout de suite quand on me dit « collège », mon cerveau fait des bonds bizarres et se met à hurler « KYO » « EVANESCENCE » ! J’ai donc décidé de me laisser porter par sa délicate suggestion et de vous parler de ces deux groupes – que dis-je – de ces deux merveilleux groupes qui ont bercé mes débuts d’adolescence. Sage décision ? Hum pas sûr, mais bon tant pis.
« Et je saiiiiiiiiigne, encoooooooore… » Ah ! Ce doux murmure…
L’album Le Chemin de Kyo restera sans doute le CD qui aura le plus tourné dans ma chaine hifi de pré-ado. (Outch, CD et chaine hifi dans une même phrase, les années commencent à devenir douloureuses.)
Bref, Kyo donc, c’était pour moi cette petite bouffée de pseudo rock perdue au milieu d’un océan de R’n’B. Ça bougeait un peu mais pas trop « on a parcouruuuu le chemiiiiiin, on a tenu la distaaaaaannce… ». On pouvait chanter à cœur ouvert sur nos ruptures amoureuses parce qu’on s’identifiait à fond alors qu’on en avait pas encore connu « je veux juuuuuste une dernièèère daaaanAANSE », on pouvait même faire le pré-ado rebelle « on est capable de tout envoooooooyer en l’aiiiiiiiir, sans regard en arrière… » Et surtout, on pouvait s’égosiller sur quasi toutes les chansons de l’album, pour le plus grand bonheur de nos parents bien entendu « il faudra que je cooouuuuOOUUUURS TOUUUUUUUUUS LES JOUUUURS ».
Rétrospectivement, ce qui m’inquiète le plus dans cette histoire, c’est de pouvoir vous ressortir toutes les paroles ou presque, 15 ans après sans aucune difficulté. Ça fait un peu mal quand même. Mais je dirai que c’est assez représentatif de ce que proposait ce groupe à l’époque. Quand on parlait de Kyo dans la cour de récré, tout le monde connaissait au moins un titre ou deux et savait à quoi ressemblaient les membres du groupe. Bon, malheureusement pour eux, ce succès n’aura perduré que le temps d’un album (voire un peu du deuxième). Quoi qu’il en soit, pour moi Kyo est et restera toujours Le Chemin, un point c’est tout.
La même année, j’ai également découvert le groupe Evanescence. Et là… Le coup de cœur, la consécration ! La musique, la vraie, c’est ÇA ! Des paroles « dark », des riffs gras et OH MON DIEU du growl (bon pas beaucoup certes) ! Ça va sembler ridicule pour beaucoup d’entre vous, mais quand vous êtes issus d’une famille qui n’écoute pas du tout ce type de musique, passer à un autre style peut relever du miracle ! Bref, Il faut bien commencer quelque part quoi ! C’est donc grâce à Evanescence que j’ai pu tremper mon premier orteil dans l’univers « metal ». Musicalement c’était recherché, très différent de ce que j’avais l’habitude d’entendre à la radio et les paroles avaient du sens (enfin !!!!). C’est d’ailleurs avec eux également que ma passion pour la langue anglaise s’est grandement développée. Je voulais comprendre pourquoi la dame brune avait l’air si triste, je me suis donc mise à rechercher les traductions du livret entier de l’album Fallen. Adieu la petite collégienne à lunettes et bonjour l’ado dark que personne-ne-comprendra-jamais. Bon j’exagère, mais une chose est sûre, ce groupe a clairement changé ma perception de la musique !
Evanescence reste le seul groupe de cette époque qu’il m’arrive encore de réécouter en me disant « nan mais oui, c’était franchement bien ».
I’M GOOOOOOIIIINNNNG UUUUUNDEEER !!
Eminem
Par KaMéLaMéLa
La fan attitude, j’ai commencé à l’avoir jeune. Genre très jeune. À 8 ans, si je ne regardais pas Sister Act une fois par semaine, c’est que vraiment, quelque chose ne tournait pas rond du tout. Mais l’admiration pour un artiste m’est venu plus tard. Bien que grande cinéphile devant l’Éternel, au lieu d’un film doudou, celui que tu regardes quand tu ne vas pas bien et que tu as envie d’être un peu nostalgique, moi c’est un rappeur doudou que j’ai. Et c’est ce cher Marshall qui a toujours su me redonner la foi (insère ici une vanne sur Ophélie Winter, ça me fait plaisir) quand j’avais un coup de mou. Pour moi, Eminem, c’est comme une madeleine, tu sais, celle de Proust. Je lance Cleaning out my closet, tiré de l’album The Eminem Show, sorti en 2002 ou The way I am, et d’un seul coup, j’ai à nouveau 14 ans, je suis amoureuse en secret de Florian, et je mets déjà un Tee Shirt Eminem pour aller en cours de sport. Je pensais passer pour une thug, c’était sûrement pas le cas mais tant pis.
Écouter ce mec parler de sa vie, des difficultés qu’il a dû surmonter pour y arriver, l’entendre rapper sa rage de vivre et de s’en sortir a eu sur moi un effet positif. J’avais l’impression que quelqu’un me comprenait, me parlait, mais parlait aussi en mon nom. Au nom de tous les gens à qui la vie réservait des sales surprises, de tous ceux qui se sentaient trop souvent comme des losers. À travers ces chansons, je me sentais plus forte, plus courageuse, prête à affronter tous les trucs qui me faisaient peur. Si lui s’en est sorti, alors tout le monde peut y arriver, que je me disais. Des années après, quand un truc me saoule ou que j’ai peur de me lancer, je l’écoute. Grâce à son talent, sa combativité et ses mots , Eminem m’a aidée à comprendre qui je voulais être, et à quel point je pouvais moi aussi me sortir du chaos que peut être l’adolescence. Et à m’assumer.
Cause I am, whatever you say I am, if I wasn’t, then why would I say I am ?
Veronica Mars
Par Roufi
Haaa le collège… Je suis arrivée pure et naïve, à tel point qu’à la récré on jouait à être des sorcières (je vous raconte pas la tronche des 3èmes…) et j’en suis partie pleine de complexes et d’hormones, en crise d’adolescence explosive, avec des van’s turquoise et un pantalon en velours côtelé couleur or (oui oui)… Si maintenant, j’en assume les errances et le ridicule, je ne suis clairement pas fière de tout et j’aimerais bien faire un gros câlin à celle que j’ai été et lui dire que ça va pas être facile, mais ça va aller. C’est que quoi qu’on dise de cette période, et surtout si elle est mauvaise, elle forge. Côté musique, c’était pas jojo mais il faut savoir que dans mon coin de cambrousse, on ne captait que Fun Radio et Skyrock. Donc à part ce qu’écoutaient mes parents, et forcément j’avais décrété que c’était nul, y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent. En vrai, je ne soupçonnais clairement pas que tout un pan de la musique m’était caché. J’étais naïve vous dis-je ! Et comme Am’s, c’est par Kyo et Evanescence que j’ai ouvert la porte du « metal » et j’ai gloutonnement avalé tout ce qu’on a pu me mettre d’un peu brutal dans les esgourdes par la suite. En même temps que je découvrais le Reggae, le Ska, etc. Mais ce n’est pas de ça que je veux vous parler…
Un jour, je suis tombée sur un épisode de Véronica Mars. Le premier d’ailleurs.
Forte de ma boutonneuse arrogance, j’ai rejeté en bloc : « Han la la, encore une série pourrie pour ado avec du drama à foison (alors que j’avais un skyblog, c’est l’hôp qui se fout de la char…) qui fait genre qu’elle nous connaît, la loose quoi ». Mais on va pas se mentir, quand on n’a pas le droit de sortir, après l’école faut bien faire quelque chose, alors j’ai continué à regarder… Et en vrai, Veronica Mars, c’est vachement bien !
Déjà, c’est une héroïne cool et badass, la meuf est futée, drôle, c’est une très bonne enquêtrice, elle n’hésite pas à dire merde à l’administration, aux p’tits kékés, aux meufs qui se la pètent… Tout en se battant pour ce qu’elle estime juste. Et heureusement, ça ne l’empêche pas de commettre des erreurs, ou de se remettre en question : elle apprend des autres et de ses expériences. Chaque épisode a son intrigue propre, qui s’intègre à une enquête de fond qui occupe toute la saison. Et laissez-moi vous dire qu’il y a beaucoup d’humain dans cette série ! Elle ose aborder des sujets denses qui concernent la vie au lycée, comme le harcèlement à l’école, la drogue, le viol, les logiques de groupe ou des relations familiales compliquées. Mais elle ne s’y cantonne pas, et nous parle aussi des écarts entre classes sociales, des manigances politiques et policières… En proposant un vrai regard sur ces questions.
Les relations que Veronica noue avec les différents personnages sont vraiment chouettes, parce qu’elles sont complexes, et que les rôles secondaires ont une vraie épaisseur. Ses liens avec son père aussi sont particulièrement intéressants, car ils sont empreints de complicité et de respect : s’ils s’opposent parfois, son père l’encourage toujours, et lui fait confiance : on n’est pas dans un bête schéma caricatural de parent qui ne comprend rien ou d’opposition systématique, et ça fait très plaisir à voir !
Ça m’a fait beaucoup de bien à l’époque, parce que pour une fois on me proposait une vraie série pour ado, bien fichue, qui aborde beaucoup de sujets et souvent avec finesse. Les créateurs ne prennent pas leur public pour des idiots et lui proposent du vrai contenu, qui ouvre la réflexion sur un tas de choses. Et pour tout vous dire, je la regarde encore régulièrement (même si j’aime moins la 3ème saison), et je ne peux que vous conseiller d’y jeter un œil bienveillant ! Elle est bien cette série, j’assume de ouf !
La période glam’ de Kiss
Par Petrocore
Au collège, ma période métal venait de commencer. Une période assez longue puisqu’elle dure encore aujourd’hui (même si je l’ai quand même agrémentée de plein plein d’autres styles de musique). J’ai suivi un cursus assez classique : Nirvana pour commencer, puis The Offspring (aaaaah Smash), un peu de Metallica et LA baffe de mes jeunes années : Korn. À coté de ça pourtant, je découvris un groupe somme toute déjà bien ancien mais dont l’imagerie suscita ma suspicion : Kiss.
À dire vrai je l’ai découvert grâce au jeu vidéo qui leur fut dédié à l’époque. Les maquillages ressortaient car sortit en même temps leur album Psycho Circus, sur lequel j’eus la chance de jeter une oreille dans le rayon musique d’une enseigne de grande surface à Périgueux. Et c’était bien. Désargenté que j’étais, je filai dans la bibliothèque de mon bled d’origine, Saint-Martial-de-Valette. Et, par un extraordinaire hasard (qui tient surtout au fait que j’avais demandé à la bibliothécaire, ma mère, de commander des œuvres du groupes à la BDP), j’y trouvai une cassette. Crazy Nights. C’est à dire la « fameuse » période glam-rock du groupe, où il était question de damer le pion à Bon Jovi et autres merdes du genre.
« Faute de grive, on mange des merles », il me fallut me rabattre sur cette galette. Et mine de rien, j’ai bien aimé. Alors oui, les guitares sont loin d’être agressives, les quelques synthés donnent tout ce qu’ils ont de sons Jean-Michelle-Jarresques et Paul Stanley miaule tout ce qu’il peut maaaaais il y a quand même quelques morceaux de bravoure : Bang Bang You et No No No ! passent quand même bien et I’ll fight hell to hold you a quelque chose d’épique. On notera aussi que c’est le dernier album avec Eric Carr à la batterie, le membre du groupe réputé comme étant leur meilleur batteur et d’une sympathie extraordinaire saluée par tous les fans. Le pauvre est emporté par la maladie durant l’enregistrement de l’album. Donc voilà, j’assume quand même ! Surtout que le groupe a confié la réalisation d’un de leurs clips de cette époque à un certain David Mallet, ce qui est assez cocasse pour qui me connaît un minimum (il sort aussi en 1985, ce qui est encore plus drôle pour qui me connaît encore un peu mieux). Manque de bol, c’est aussi un des plus kitschs haut-la-main ! Je vous laisse juger :