Lucy, ou la revanche d’une blonde

J’aime Scarlett Johansson. Genre, vraiment. Pas pour sa beauté (personnellement, je m’en tamponne un peu le coquillard de savoir qu’elle a été élue « Plus belle femme de l’année » par je ne sais quel magazine, et la voir à poil sur les écrans publicitaires du métro parisien à l’occasion de la sortie d’Under the Skin ne m’a fait ni chaud ni froid). J’aime cette actrice non pas parce qu’elle serait gentille ou généreuse ou je ne sais quelle autre estimable qualité mais simplement parce qu’elle fait bien son boulot : quand elle joue, je ne vois pas une actrice qui lance ses répliques mais un personnage qui vit. Et ça, c’est assez inestimable.

Du coup, quand j’ai su qu’il y avait un nouveau film avec elle et que je me suis retrouvée désœuvrée un mercredi après-midi pluvieux, je me suis dit que c’était l’occasion d’aller au cinéma. Mais avant de vous en dire davantage, je vous abandonne 2 minutes 24 (admirez la précision) avec la bande annonce.

Et en français s’il vous plait parce que sa doubleuse a vraiment une voix géniale !

Lucy, c’est donc l’histoire d’une étudiante sans histoire qui se retrouve embarquée de force dans un trafic de drogue qui va lui laisser… quelques séquelles. Le film se construit avant tout sur la théorie selon laquelle l’être humain n’utilise à ce jour que 10 % de sa masse cérébrale et pourrait avoir, s’il parvenait à la maitriser dans son ensemble, de formidables capacités. Prenez le pouvoir de régénération de Wolverine, le contrôle des champs magnétiques de Magnéto, les sens sur-développés de Daredevil et les capacités télépathiques du professeur Xavier réunis en une seule personne…

Plutôt cool, n’est-ce pas ? Sur le principe seulement. Dans la pratique cette hypothèse développée et popularisée dans les années 60 a été totalement infirmée depuis. Dommage pour nous, tant mieux pour la science-fiction qui puise là un matériau plutôt plaisant.

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De tout cela, le sieur Besson est bien conscient et a lui-même déclaré que dans les théories évoquées dans le film, toutes n’étaient pas fondées. C’est bien de le reconnaître et, personnellement, j’apprécie la précision. Essayer de nous faire gober un film pseudo-scientifique qui mange ses théories par la racine m’aurait quelque peu agacée tandis que là, forte de cette spécification, je me sens plus à même de prendre le film pour ce qu’il est : de la science-fiction mâtinée d’une pointe d’action et sans nul doute l’un des meilleurs films qu’il m’ait été donné de voir ces derniers temps.

« L’action » constitue pour moi le plus gros bémol. Il est communément entendu que « film d’action » signifie fusillades à la pelle, tonneaux routiers à n’en plus finir et destruction massives de bâtiments. Certes, quand l’histoire se place dans le cadre d’un trafic de drogue, ces dérives sont assez inévitables (millions en jeu, cupidité, pouvoir, tout ça…) et la seconde partie du film l’illustre un peu trop à mon goût. Mais passons. Faisons abstraction de ces charmants échanges de balles qui ont le don de me laisser totalement indifférente pour nous re-concentrer sur ce qui fait réellement la richesse et l’intérêt de ce film : le traitement du sujet et Scarlett Johansson.

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Parce que oui, ce film est riche, même s’il s’appuie sur un fondement scientifique erroné. Riche des explications qu’il donne, des parallèles qu’il effectue, sautant d’un genre en l’autre sans se prendre les pieds dans le tapis. Le début du film nous entraîne immédiatement. On veut savoir ce qui va arriver à cette étudiante banale brusquement propulsée dans un trafic crapuleux qui va la transformer irrémédiablement.

Vous connaissez tous cet instant fatidique où l’intrigue s’essouffle, où l’on se demande combien de temps s’est écoulé et si le film durera encore longtemps avant d’être happé de plus belle. Je ne l’ai pas ressenti devant Lucy.

Scarlett Johansson porte le film tout entier avec ce personnage en pleine mutation et nous offre certainement l’une de ses meilleures performances avec ce rôle délicat. Avec elle j’ai tremblé, j’ai eu peur, je me suis interrogée, j’ai eu la larme à l’œil (certes, me tirer une larme n’est pas exploit de taille, mais tout de même), j’ai espéré. Je me suis totalement laisser entraîner dans ce film qui va crescendo. Et si la seconde partie, comme je l’ai déjà mentionné, souffre d’un peu trop de balles perdues selon moi, elle n’en est pas moins spectaculaire par tout ce qu’elle suggère sur un cerveau humain qui, dans une autre réalité, n’aurait pas encore livré tous ses secrets.

lucy morgan freemanSeconde tête d’affiche : Monsieur Morgan Freeman.C’est toujours très agréable de le retrouver mais il faut bien avouer que son rôle reste très secondaire 

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Courrez au cinéma. Que vous soyez un adepte du travail de Besson, un admirateur éperdu de Scarlett, un amateur de la théorie de l’utilisation incomplète du cerveau, un convaincu des films d’action ou rien de tout cela, peu importe. C’est un film rythmé, plein de rebondissements, habilement servi par une bande originale très agréable et pour lequel vous ne regretterez pas d’avoir payé le tarif exorbitant de votre place de cinéma !

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Delrya

LazyLumps

Déjà petit, le troll Lazylumps collectionnait les cailloux. Après en avoir balancé un certain nombre dans la tronche de tout le monde, il est devenu le "Rédak' Chef" de la horde, un manitou au pouvoir tyrannique mais au charisme proche d'un mollusque. Souvent les nuits de délire on l'entend hurler "ARTICLE ! ARTICLE ! IL FAUT UN ARTICLE POUR DEMAIN".

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