Taboo : vaudou sur la Tamise

Le problème avec moi, c’est que plus tu me parles de quelque chose, moins j’ai envie de le voir. Alors forcément, si tu me survends un film, une série, ou un bouquin, en me disant « Tu vas voir, c’est trop génial, tu vas adorer les personnages, la manière dont c’est écrit, je me suis dis que tu allais adorer », tu peux être pratiquement sûr que je vais mettre à peu près deux ans et demi à m’y intéresser. C’est comme ça, c’est la dure loi de la vie mon pote.

Alors, quand les garçons (Flavius et Lazylumps, toujours dans les bons coups ces deux-là) m’ont parlé de Taboo, laisse-moi te dire qu’ils n’y ont pas été avec le dos de la cuillère. Et vas-y que je te parle de l’atmosphère, et que je te parle des acteurs, et que je te dis que l’histoire, elle est trop cool. J’avais l’impression que les mecs, ils avaient carrément pété leur PEL pour mettre des billes dans la série, tellement ils s’étaient mis en mode « VRP ». Donc forcément, moi, connaissant les goûts de chiotte de Lazylumps (il n’y a qu’à voir la gueule de ses pulls), et me disant que Flavius a le pouvoir de s’émerveiller et de trouver de la beauté partout, j’étais pas forcément convaincue. Puis à un moment, ils ont dit le mot magique. Je les écoutais parler de la série, puis Lazylumps s’est tourné vers moi et m’a lâché comme ça, l’air de rien « Mais attends, tu vas forcement aimer, tu adores Tom Hardy ! ».

NON MAIS OH! Tom Hardy est dans une série ? Et j’étais pas au courant ? Mais où va le monde ? Je te préviens direct, cet article n’ayant pas été écrit avec mes ovaires, je ne vous ferai pas des tartines sur les attributs physiques de Tom. Toute personne n’étant pas atteinte de cécité profonde a pu se rendre compte du charisme du type, pas besoin d’en rajouter.

Du coup, je suis rentrée chez moi le soir, et direct, j’ai lancé le premier épisode. Et j’ai pas été déçue ! T’es prêt à partir pour le Londres crasseux de l’époque de Dickens ? Tes vaccins sont à jour ? Alors suis-moi, on y va.

London’s calling 

Déjà, laisse-moi te présenter la série, comme ça, en deux minutes, juste histoire de te situer un peu. Taboo est une série qui a été crée par Steven Knight, Tom Hardy et son père, Edward « Chip » Hardy. Pas la peine de vous présenter Tom Hardy, qui au fil des années, se fait une place parmi les plus grands acteurs de sa génération, grâce à ses rôles dans Bronson, Inception, ou encore Mad Max. Quand à Steven Knight, les aficionados (ouais, j’aime placer des mots longs et compliqués) des séries britanniques le connaissent déjà, dans la mesure où c’est le créateur de l’excellente Peaky Blinders, où officiait déjà Tom. Au niveau de la diffusion, c’est la chaîne BBC One, qui l’a diffusé en Angleterre, tandis que FX a récupéré le bébé outre atlantique.

Dès les premières minutes du pilote, on est mis dans l’ambiance. On comprends vite que la série va tourner autour de Tom Hardy et de son personnage pour le moins énigmatique. Son personnage, c’est James Delaney, un homme présumé mort depuis dix  ans, qui décide un beau jour de réapparaître et de rentrer dans son Londres natal. Hasard ou coïncidence, il se trouve qu’il tombe pile poil pour … l’enterrement de son père. Gros timing donc.  Et dès ce moment là, on se rend compte que James est pour le moins un peu louche. Il marmonne des trucs pendant qu’on mets son père en terre, sa demi-sœur pousse un cri d’effroi quand elle réalise que James est là, sans oublier toutes ces rumeurs sur les années qu’il a passé en Afrique. Tous ces éléments réunis donnent une ambiance très particulière à cet enterrement. Tu me diras, l’ambiance est jamais au top à un enterrement, sauf si c’est celui du plus gros bâtard de tous les temps. (PS : n’hésite pas à laisser en commentaire de cet article qui est pour toi le plus gros bâtard de l’humanité, histoire de voir si on pense pareil).

Mais revenons à nos moutons.

Oona Chaplin, coup de cœur des hormones de Flavius

Le père de James et Zilpha (la demi-sœur, suis un petit peu s’il te plaît) laisse dans son héritage deux choses importantes : l’entreprise familiale, et un bout de terre, pas grand chose mais suffisamment pour mettre le feu aux poudres. Ce bout de terre en question, c’est Nootka Sound qui se situe sur la côte ouest de l’Amérique, proche de Vancouver. Et là, il y a un gros problème quand on sait que l’Angleterre et les USA ne sont pas au mieux de leur entente (guerre d’indépendance tout ça), et que Nootka offre un passage pour le moins avantageux vers la Chine, permettant ainsi une autoroute sans pareille pour importer du thé. De plus, histoire de rajouter un peu plus d’embrouilles, ce petit lopin de terre intéresse très fortement la compagnie des Indes, qui voit ici un très bon moyen de faire fructifier son affaire.

Mais forcément, James ne l’entend pas de cette oreille, et pour lui, ce retour aux sources ne va pas forcément se passer comme prévu.

Difficile de t’en dire plus sans spoiler la première saison. Ne voulant absolument pas gâcher ton plaisir mon cher petit lecteur, je choisis de ne pas t’en dévoiler plus que ceci laissant ainsi libre cours à ton imagination pour la suite, ou de te plonger dans l’histoire obscure de ce personnage fascinant qu’est le fameux James. 

Ambiance scandale, danse de vandale 

Ce qui, à mon humble avis, fait que Taboo a réussi son pari, c’est pour commencer l’ambiance. Si tu m’as lu avec attention depuis le début de cet article, et je n’en doute pas, tu te rappelles que l’intrigue se déroule du coté de Londres. Ah Londres, sa Tamise, Buckingham Palace. Et non, mais alors là, pas du tout. Le Londres qui est montré dans la série n’est pas là pour t’en mettre plein les mirettes et te vendre du rêve à grands coups de poudre de Perlimpinpin (et ouais, il n’y a pas que les banquiers avec un égo surdimensionné qui peuvent utiliser ce mot, et au Cri du troll, même si on a pas de costard, on a de l’esprit). London ici, c’est plutôt ambiance crasse à tous les étages, avec supplément on coupe de la viande en pleine rue et on s’est pas lavé depuis plusieurs semaines. On est bien loin du glamour et des fanfreluches, et plus proche de l’esprit de Charles Dickens dans Oliver Twist. Ici, les bas fonds sordides servent de décors, et les personnages que l’on y croise sont des prostituées et autres assassins. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec l’atmosphère de Peaky Blinders, autre bébé de Steven Knight. On a l’impression que la ville est toujours montrée sous la pluie, qu’il y fait toujours un peu brumeux. Londres nous apparaît sous son jour le plus sombre comme pour faire un parallèle avec la psyché de Delaney, être torturé et perdu s’il en est.

Le Londres crasseux du XVIIIème

Au niveau du déroulement de l’intrigue, c’est toujours un peu le brouillard aussi. Et c’est là que le bat blesse un peu, j’ai envie de t’avouer. Ce que la série gagne en potentiel « Ambiance de ouf et personnages badass », elle perd par moments en intrigues sous-exploitées. C’est que si la série pose dès le premier épisode les enjeux de plusieurs trames, elle n’avance pas à la même vitesse pour les résoudre. Tandis que l’intrigue politique avance à grands coups de rebondissements, de coups de poker et autres effets scénaristiques, l’intrigue personnelle de James Delaney est pour moi un peu laissée sur la touche. On en apprends sur lui, mais pas assez, et même si cela n’enlève rien à la fascination qu’il exerce, j’aurais aimé en savoir un peu plus sur son passé. Après bien sûr, le choix de ne pas en révéler trop convient parfaitement au côté torturé et mystique de James, dont le corps est couvert de tatouages tribaux, revenu à Londres dans le but de venger son père et fonder un empire. Taboo tombe dans le même piège qu’un grand nombre de séries n’a pas parvenu à éviter : Elle développe trop d’intrigues qu’elle ne résout pas nécessairement, la faute à une part de mystère que la série tente de conserver. De plus, si le nom de la série, comme tu l’as compris, fait référence aux tabous en tous genres, il se trouve que certains évoqués ne sont pas pour moi utilisés de la façon la plus habile qu’il soit. En bref, il manque cette petite touche de finesse scénaristique qui séparent les très bonnes séries des grandes séries. 

Attention néanmoins, je ne la trouve pas mauvaise, je t’arrête tout de suite, petit chenapan prêt à tout pour me faire dire ce que je n’ai pas dit. On est quand même dans le haut de gamme niveau télévisé, et on pardonne vite à Taboo ses défauts. On sent que Taboo a été faite avec beaucoup d’amour, et que les créateurs ne tentent jamais de nous prendre pour des idiots, ce qui est loin d’être le cas de plein d’autres séries (coucou The Walking Dead, oui c’est de toi dont je parle).

In Tom we trust

Compliqué, voire même impossible de parler de Taboo sans évoquer son acteur principal. Oui, je sais, dès le début de l’article, je t’ai prévenu que je n’allais pas en faire des caisses sur la beauté du mec, mais, en toute objectivité, il est logique qu’il ait droit à son moment de gloire dans mon article, tant la série repose sur ses épaules (qu’il a massives et musclés).

Parlons peu, parlons bien, je vais t’expliquer la suite de la plus simple des manières. Si tu n’aimes pas Tom Hardy, ne cherche pas à comprendre et ne regarde pas cette série, tu risquerais de passer un mauvais moment. Le mec est de tous les plans, et je n’exagère pas en disant cela.

Nombre de séries repose sur un personnage principal, autour duquel les autres gravitent. Ici James Delaney est le roc auquel on se raccroche, le point d’ancrage de toute la narration. L’homme est peu loquace , grognant plus qu’il ne parle, et il n’est pas là pour trier les lentilles, si tu vois ce que je veux dire. Si tu te mets sur le chemin de James, c’est à tes risques et périls. Là où Hardy réussit comme d’habitude un sacré tour de force, c’est qu’il arrive à combiner dans un même personnage une animalité omniprésente et une intelligence rare. Il serait faux de penser que James ne sait pas exactement ce qu’il fait au moment où il le fait, et qu’il n’a pas des coups d’avance sur tout le monde. James est taiseux, souvent odieux, torturé comme pas permis, mystique et obscur. Mais qu’est ce qu’il est charismatique bordel ! Le moindre de ses grognements mériterait un article, et j’exagère à peine.

Vous le reconnaissez ? Eh bien là il est à la botte de la Compagnie des Indes !

Et qu’on se le dise, il n’est pas revenu pour se faire des amis, James, mais pour venger son père et se créer un empire commercial. Rien d’autre. Celui qui se met en travers de son chemin à tout intérêt d’en déguerpir rapidement s’il tient à la vie. Quand à ceux qui le suivent, ils doivent le faire presque aveuglement. En tant que spectateurs, c’est ce que la série nous demande également, de suivre de manière constante cet homme dont on ne connait pas toutes les motivations et qui par son mysticisme, nous intrigue un peu plus d’épisodes en épisodes. On en vient tout de même à deviner que les éléments teintés de vaudou qui entourent James sont tout simplement des symptômes d’un stress post-traumatique suite à son passé africain. C’est te dire l’état du mec. Même moi, un soir de cuite au Zic Zinc, je fais moins peur, et pourtant, apparemment c’est pas de toute beauté. La performance est tantôt teintée de virilité, tant il en impose, tantôt hallucinée, tant ses yeux semblent être revenus de tout. On ne sait jamais si James est fou, ou s’il connait seulement des secrets dont nous n’avons pas les clefs. C’est aussi ce qui fait tout le sel de ce personnage captivant. Quand on sait que Tom Hardy s’est inspiré entre autre d’Hannibal Lecter, d’Oedipe et de Jack l’éventreur pour le rôle, on se doute un minimum que le personnage sera plus du côté obscur de la Force, que du coté de Miley Cyrus dans Hannah Montana (#culture).

Atticus. Ouais, dans Taboo il y a des trognes

Difficile de ne pas écraser ses personnages secondaires quand on a choisi un ogre de l’écran en personnage principal. Là encore, Taboo aura des choses à prouver lors de la saison 2, tant les autres personnages sont  éclipsés par la performance exceptionnelle de Tom Hardy. Je pense notamment aux personnages féminins, qui ne semblent exister que dans le but d’avoir une utilité pour James. Certains se détachent un peu du lot (les personnages de Brace, le serviteur du père Delaney, et d’Atticus, informateur et leader d’un gang de dockers) mais dans l’ensemble, Tom Hardy est la locomotive qui porte tout le monde, et il le fait avec le talent qu’on lui connaît. Alors oui, comme l’avait dit Lazylumps dans son bavouillis sorti peu de temps après le 1er épisode, il cabotine, grogne et parle dans sa barbe. Mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime Tom. Et puis dans tous les cas, même si toi tu ne l’aimes pas, je veux bien me sacrifier et l’aimer pour deux, ça ne me pose pas de problème. Je suis généreuse comme fille. Pour tout te résumer en une phrase courte et parfaitement ciselée : Hardy s’est construit avec l’aide de son père un rôle à sa démesure.

un fan a même comptabilisé les grognements de ce bon vieux Tom !

Avec un personnage principal absolument captivant, une ambiance et une photographie à couper le souffle, et un scénario qui distille les éléments au fur et à mesure, Taboo a su s’imposer comme une des bonnes surprises de ce début d’année 2017. Mêlant vaudou, règlements de compte et tabous en tous genres, la série nous intrigue toujours, parfois jusqu’à la fascination. Ayant été renouvelée pour une saison deux, nous aurons vraisemblablement l’occasion de revoir James Delaney, ses ennemis et camarades à l’horizon 2018. Les quelques défauts de la série ne l’empêchent pas de rester à un très haut niveau, tant visuellement qu’au niveau du jeu d’acteur de son héros, Tom Hardy. Du coup, tu sais ce qu’il te reste à faire quand tu rentres chez toi le soir. Laisse-toi tenter par Taboo, et tout ira mieux tu verras.

KaMelaMela

Kamélaméla aime deux choses: la blanquette et Eddy Mitchell. Sinon, de temps en temps, elle va au ciné. Voila, vous savez tout.

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