Jeux de société

The Island, destination extrême

The Island de Julian Courtland-Smith est un jeu de plateau comme on les aime au Cri du Troll : des règles simples, une mise en place rapide et des parties relativement courtes ce qui permet d’en faire plusieurs sans se lasser. Un peu tout le contraire d’Elysium en fait … Mais je m’égare, ce jeu compétitif va imposer à ses joueurs de sauver leurs pions, leurs explorateurs, d’une île qui coule dans l’océan (comme dans Voyage au centre de la Terre 2 avec Dwayne Johnson !) ce qui ne sera pas forcément de tout repos puisque l’océan regorge de requins affamés, de baleines qui doivent être les petites cousines énervées de Moby Dick et bien sûr de serpents de mer invincibles et impitoyables !

Et en vrai qu’est-ce que ça vaut ? On ne va pas tourner autour du pot pendant longtemps, c’est fun ! Mais vraiment très fun ! Allez je vous explique vite fait les règles et je vous raconte …

the island titreLe titre du jeu en version anglaise, du coup traduit en français par de l’anglais, normal ! Non, mais n’empêche avec une couverture pareille, on sait qu’on peut que s’amuser !

Gare aux requins

 La mise en place du jeu est assez rapide, on construit tout d’abord l’île en plaçant aléatoirement les tuiles de plages, de forêts et de montagnes puis chaque joueur choisit la couleur de ses explorateurs et à tour de rôle en commençant par le premier joueur, on pose ses explorateurs sur l’île (uniquement sur des cases inoccupées). Enfin chacun pose trois bateaux, de préférence sur les cases de mer adjacentes à l’île pour la fuir plus rapidement._DSC2812Le jeu totalement mis en place, au coucher du soleil, une dernière nuit avant l’explosion de chaos absolu que la partie va déchainer

 

Le but du jeu est le suivant : faire s’échapper le plus d’explorateurs possible en les amenant sur les îles sauvages aux quatre coins du plateau avant que le volcan responsable de la catastrophe finisse par exploser, emportant tout sur son passage et mettant fin à la partie.

Chaque tour se passe de la même manière, en plusieurs étapes :

1 _ Le joueur dont c’est le tour joue une tuile s’il en a une (je vais vous expliquer juste après, ne paniquez pas !)

2 _ Il effectue trois déplacements pour ses explorateurs, c’est-à-dire que bouger un explorateur d’une case coûte un déplacement, de même pour les bateaux, monter sur un bateau coûte aussi un déplacement et enfin débarquer sur une île sauvage coûte également un déplacement.

3 _ L’île continue de s’enfoncer dans la mer, le joueur enlève donc une tuile de l’île (même s’il reste des gens dessus, hihihi !) mais en respectant un ordre précis, les plages d’abord puis les forêts et enfin les montagnes. Puis il retourne la tuile et la regarde sans la révéler aux autres joueurs. Si elle porte un contour vert, elle doit être jouée immédiatement, le joueur la révèle donc aux autres et applique l’effet. Si la tuile a un contour rouge, il devra jouer cette tuile lors de la première étape de son prochain tour (vous voyez je vous ai expliqué, tout va bien !) Et enfin si elle a une grosse croix rouge en plein milieu de son image, alors c’est une tuile de défense qu’il garde cachée jusqu’à ce qu’il en ait besoin.

4 _ Le joueur jette finalement le dé des monstres, ce dé indique quel sera le monstre qui va bouger: les serpents de mer, les plus gros et les plus dangereux, ne bougent que d’une case mais dévorent tout ce qui se trouve sur la case où ils arrivent, bateaux et explorateurs ! Les requins bougent de deux cases et dévorent les explorateurs qui ont le malheur de se trouver dans l’eau avec eux et enfin les baleines (oui oui comme ça ce n’est pas très menaçant, mais vous apprendrez à les craindre !) bougent de trois cases et détruisent tous les bateaux occupés (avec des explorateurs dessus, elles laissent les bateaux vides tranquilles les vicieuses) jetant ainsi tous leurs occupants à la mer. Bien sûr les monstres marins sont tous de mèche et se gardent bien de s’attaquer les uns les autres pour mieux se concentrer sur nos pauvres pions.

Et voilà vous connaissez l’essentiel des règles du jeu, il reste encore quelques détails mais vous les découvrirez en jouant.

Le triangle des Bermudas

Difficile de vous décrire à quel point ce jeu est à la fois hilarant et chaotique sans vous raconter directement des anecdotes de parties et plus notamment celles que nous avons faites entre trolls chez notre rédacteur en chef préféré. C’était pour votre serviteur la première fois qu’il jouait à quatre (le nombre maximal de joueurs) et le résultat de la partie a été plus que surprenant. En effet qui eut cru que la cruauté et le plaisir de troller des rédacteurs aurait pu déchainer autant de coups bas et de violence gratuite contre nos pauvres explorateurs ? Permettez-moi d’être plus clair: le nombre d’explorateurs par joueur est de dix, ce qui fait à quatre 40 pions d’explorateurs en jeu. Seuls onze ont survécu à l’ordalie, 29 ont trouvé la mort dont l’intégralité de mes pions, oui vous avez bien lu, il m’a été impossible de ne sauver ne serait-ce qu’un seul de mes explorateurs !

_DSC2789Sur cette funeste partie, il ne me restait que ces trois pions bleus, en retournant la tuile, croyez le ou non, j’ai eu le plaisir de découvrir un tourbillon qui a envoyé tout ce petit monde dans les abysses

 

Comme vous pouvez le voir sur cette illustration, le mouvement des monstres orchestré par la rédaction peut se révéler taquin, si un requin n’est pas suffisant pourquoi ne pas rapprocher toutes les baleines et les serpents de mer de la carte ?

Car oui, vous l’aurez certainement compris, c’est à chaque fin de tour que la personne qui a lancé le dé des monstres déplace le monstre désigné, ce n’est pas du tout aléatoire, on déplace les monstres soit pour essayer de leur échapper soit pour les envoyer sans la moindre pitié sur les explorateurs adverses ! En général cette phase est accompagnée par énormément de négociations voire de suppliques de la part de personnes qui vous ont poignardé dans le dos et qui n’hésiteront pas à recommencer. C’est un cycle infernal de vengeance et de mauvaise foi auquel nous avons pris beaucoup de plaisir à participer.

pinocchio-baleineLes baleines dans ce jeu

 

Il y a eu aussi cette partie en famille où les baleines (toujours dirigées par les joueurs) étaient absolument incontrôlables, il suffisait de mettre un explorateur sur un bateau et avant même la fin d’un tour de jeu le bateau était déjà envoyé par le fond, il a fallu sauver tous nos explorateurs à la nage (une case à chaque fois maximum) à slalomer entre les requins et les serpents de mer qui n’attendaient que ça. Bien que ce n’était qu’avec trois joueurs, là encore la liste des survivants a été bien maigre !

Cependant rassurez-vous le jeu n’a pas à être aussi chaotique, cela dépend entièrement de votre style de jeu, il est totalement possible de jouer de manière stratégique. En effet chaque pion explorateur rapporte un certain nombre de points (de 1 à 6), score qui est dissimulé sous ses pieds, et c’est ce score qui détermine qui a gagné en fin de partie. Bien qu’il soit impossible en cours de partie de vérifier quelle est la valeur d’un explorateur (y compris lorsqu’il a été retiré du jeu) vous pouvez choisir où iront les pions les plus forts lors de la mise en place du jeu et ensuite jouer en cherchant à les sauver en priorité en éloignant les monstres d’eux au lieu d’aller attaquer vos adversaires comme des bourrins. Ceci étant dit, nous ne saurions que vous conseiller de jouer sans faire attention à ces valeurs, les parties n’en sont que plus prenantes, ce n’est qu’au moment du décompte des points que l’on découvre si on a été chanceux ou non, si les 6 mecs qu’on a réussi à sauver ne valaient en fait que 10 points alors que l’autre qui n’en a sauvé que 3 a miraculeusement sauvé tous les pions les plus forts et s’est fait plus de 15 points. Ce suspens nous force à vraiment essayer de sauver tout le monde et à prendre des risques avec chaque pion rendant la partie plus incertaine, plus tendue et finalement bien plus amusante !

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Incroyablement fun et simple à jouer, avec une part de chaos qui n’est pas sans rappeler Mascarade, The Island nous a fait forte impression. En plus les parties ne durent en général qu’une demi-heure, mise en place comprise, il est donc tout à fait possible d’y jouer avec des gens qui ne jouent pas forcément beaucoup ou à l’occasion d’un petit moment d’attente ou de détente. De plus la boîte de rangement est très bien faite, ainsi que le livret de règles très clair avec à son dos l’explication de l’effet de chaque tuile (ainsi pas besoin de chercher ce que ça fait pendant 5minutes dans le livret, il suffit de le retourner). Le jeu propose des variantes et aux États-Unis, sa patrie d’origine, il est sorti des extensions qui verront peut-être le jour en France. Bref très rejouable, incroyablement amusant à environ 35euros dans toutes les bonnes crémeries, le Cri vous recommande chaudement The Island: c’est un voyage aux Bahamas que vous n’êtes pas prêt d’oublier !

Nemarth

Cet individu est un gobelin fait homme. Hautement imprévisible, il représente un danger pour la Société. A éliminer à vue.

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