Last Train : blousons noirs et hymnes rock’n’roll

Voilà qu’entrent en scène mes chouchous du moment, les quatre Angevins de Last Train. Moyenne d’âge, 20 ans. Des riffs à gogo, lourds, à deux petits doigts du stoner. On se retrouve ici face à quatre bonhommes qui récitent les gammes de rock de leurs ainés : BRMC, Black Angels… Les guitares bronchent, la basse tapisse, et le chanteur emporte le tout.

Last Train, le rock lourd à son meilleur

La chanson Fragile, en live, fait partie de celles qui vous hérissent les poils… Dispo sur l’EP éponyme

 

Ce chanteur parlons-en : la vingtaine et une voix brisée qui fait frémir et se dresser les poils. Le talent explose à chaque morceau pour un rendu sans fautes qui décalque en live. Libres comme l’air, les frenchies s’affranchissent des carcans habituels et se la jouent indépendant en lançant leur propre label Cold Fame Record (Holy Two) en ne comptant que sur leur fougue pour sublimer le tout et faire parler d’eux. Et ça marche ! Deux EPs, des centaines de dates, et un public de plus en plus conséquent qui les suit. En très peu de temps, ils s’immiscent dans le grand bain et caracolent dans les affiches des festivals nationaux. Ces mecs là ravivent en deux ans le feu en France et se constituent petit à petit un tissu de fans qui propagent la bonne nouvelle : on fait encore du bon gros rock dans l’Hexagone. Et voilà que leur album fracasse la porte et s’impose là, tout chaud, au milieu du no man’s land actuel de la musique frenchy.L’album propose douze titres comme une signature, une marque indélébile, une première estocade au plan-plan standardisé des charts français. Weathering s’ouvre sur Dropped by the Doves, en trombe avec des guitares qui se répondent dans un grand appel à prendre la route ou à marcher sous un soleil écrasant.

On enchaîne avec la plus bad-ass chanson de l’album selon moi Never seen the light où la voix du chanteur vous donne envie de gueuler avec lui. Pleine de fougue et de hargne, elle représente tout à fait la jeunesse sans calculs des petits gars de Last Train qui nous propose ce qu’il savent faire de mieux : une grosse chanson rock qui déboite la mâchoire. Elle répond parfaitement à Way Out, la septième chanson de cet album et Cold Fever qui vrombissent d’énergie.

Time, Jane (au son des seventies ! gros coup de cœur de votre serviteur), l’épopée Fire et le sublime House on the Moon prennent plus leur temps. Entre la balade et la chanson pop presque gospel, les angevins racontent leur histoire sur des riffs tantôt atmosphériques, tantôt stratosphériques. On est là face à des invitations au voyage que l’on l’accepte les yeux fermés.

Sunday Morning Son, tout comme Golden Songs, empruntent plus au brit pop qu’aux embardées rock  du reste de l’album tandis que le lourd Weathering clôt magnifiquement l’album : comme une dernière envolée avec le quatuor où les guitares s’entremêlent si bien jusqu’au solo final qui vous laissera comme deux ronds de frites.

interview

Tout d’abord, et tout simplement, pourquoi « Last Train » ?

On a monté le groupe quand on avait peut-être 11 ou 12 ans, c’est notre premier et seul groupe. C’est quelque chose qui sonnait bien dans nos oreilles à ce moment là. En grandissant, on s’est posé la question d’un éventuel changement de nom, mais nous avons décidé de garder celui-ci en souvenir de ces 10 ans d’aventures ensemble. 

Question bateau, mais vous puisez votre inspiration dans quoi ? Qu’est ce qui catalyse votre créativité ?

A question bateau, réponse bateau : tout est source potentielle d’inspiration. La créativité est difficilement contrôlable. Je me souviens avoir été très prolifique lorsque je travaillais au fast-food, j’imaginais beaucoup de chansons dans ma tête. Aujourd’hui, les chansons que j’écris sortent parce qu’elles doivent sortir. Je pense que ce sont les expériences de la vie qui nous inspire le plus. 

De quoi parlent vos chansons ? Concrètement ?

C’est quand même difficile de te dire de quoi parle chaque chanson. On est pas là pour faire passer un message, ce sont nos expériences et émotions personnelles que l’on transforme en musique, de la manière la plus honnête possible. 

Et cet album, de quoi il nous parle ? De vous un petit peu ?

Oui.

Pourquoi avoir attendu autant pour sortir un album entier ? C’est pas banal !

En prenant du recul, je crois qu’on a pris plaisir à prouver que l’on pouvait faire des choses sans sortir d’album. On a énormément tourné pendant deux ans, en sortant très peu de contenu, et en proposant notre musique (presque) uniquement par le live. On est très heureux du chemin que l’on a emprunté, et aujourd’hui nous sommes heureux et très excités par la sortie d’un premier album.

Quel groupe vous fait absolument rêver, et pourquoi ?

Qu’est-ce que signifier nous faire rêver ? Ce serait le groupe qui à les meilleurs titres ? Le meilleur live ? Le plus gros son ? Le groupe le plus gentil ou le plus drôle ? Je sais pas… Je crois qu’on a pas forcément envie d’être un autre groupe aujourd’hui, nous sommes qui nous sommes, avec tous nos défauts, mais aussi avec notre histoire d’amitié que je n’échangerais pour rien d’autre. 

En parlant de groupe, ça fait quoi d’être comparé au BRMC français ?

C’est très cool évidemment. C’est un groupe qu’on aime beaucoup et avec qui on aimerait beaucoup partir en tournée, par exemple.

En tant que gratteux, j’me suis toujours demandé, lancer une guitare à la fin d’un concert, ça vous fait pas mal aux tripes après coup ? De remarquer que vous avez fracassé votre « bébé » quoi ! (ASSASSINS !)

Cette remarque revient souvent. On a un grand respect pour le matériel, tu sais ? On est pas des pourri-gâté, on est en galère de tunes à chaque fin de mois. On a toujours payé nos guitares de notre poche et ça permet d’être responsable vis à vis de tout ça. Si on a déjà lancé quelques guitares sur scène, ça nous regarde, et on assume le lendemain quand on doit rejouer avec. Et puis… une guitare, c’est vraiment plus solide que ce que l’on croit ! 

Des projets pleins les cartons ?

A vrai dire, surtout plein la tête, car il est difficile de tout concrétiser. Mais je crois qu’il est important pour nous de nous concentrer aujourd’hui sur la sortie de ce premier album, et sur la tournée qui l’accompagne.

On va parler d’un deuxième aspect de votre aventure : vous avez lancé votre propre label y’a un petit moment maintenant. Pourquoi cette volonté de devenir producteur ?

On a toujours été acteur de notre propre projet : monter les tournées, tourner nos clips, produire nos EP. On ne s’est jamais dit « et si on devenait producteur ? ». C’est une belle histoire qui a été motivée par nos amis Holy Two. Lorsque l’on a découvert le groupe, on savait qu’on avait envie de travailler avec eux, mais on savait pas vraiment comment. Alors on les a contacté, rencontré, puis j’ai trouvé des dates de concerts pour eux, on a préparé la production d’un EP. Parallèlement, les choses devenaient plus sérieuses pour Last Train, et sans s’en rendre compte nous étions en train de créer une maison de disque et une agence de booking. 

Est-ce que vous allez multiplier les groupes sous votre label ?

Produire des disques coûte cher et pour l’instant le terme de rentabilité est encore trop loin devant nous pour nous permettre de signer d’autres artistes. Mais les gens mélangent la maison de disque et l’agence de booking : on reçoit des tas de messages : « on veut signer sur votre label pour partir en tournée ». Ça n’a rien à voir, ce sont deux métiers et structures différentes. Nous travaillons cinq groupes différents sur l’agence de booking, par exemple…

Je remarque que Holy Two ou Colt Silvers peuvent sembler éloignés de votre son, du coup comment vous choisissez vos groupes, sur coups de cœur ?

Un jour, alors que je me questionnais par rapport à l’esthétique que je devais donner ou non à notre label et à notre agence de tour, notre manager (lui même directeur d’un label) m’a dit : «  Tu travailles 12 heures par jour pour des développer les carrière de groupes : tu n’as pas à justifier tes choix. Payes-toi simplement le luxe de travailler les groupes qui te plaisent. » On a suivi son conseil en fonctionnant au coups de cœurs. La dernière signature est un chanteur folk. 

Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter pour 2017-2018… et pour dans vingt ans ?

Je crois qu’une belle sortie d’album et une belle tournée nous suffira pour cette année ! Quant à dans vingt ans, à vrai dire, on se pose souvent la question. Je pense que notre amitié prendra quoi qu’il arrive le dessus, comme elle l’a fait depuis 10 ans. Que l’on joue encore ensemble ou non, qu’importe ! Tant que c’est fait avec respect et avec le cœur. 

Last Train, vous l’aurez compris, c’est avant tout une histoire de potes. Une belle aventure depuis moult années qui se concrétise avec cet album de douze titres. Après deux EPs fulgurants c’est avec Weathering que l’on savoure pleinement le talent incroyable de Last Train.

Il vous suffira d’une seule écoute pour comprendre qu’il faudra placer la galette du groupe Angevins dans votre discothèque perso. Bien au chaud à côté des classiques. Entre fureur rock et douceur pop, on se retrouve devant un très grand album premier album. Coup de cœur naturel de Lazylumps !

 

LazyLumps

Déjà petit, le troll Lazylumps collectionnait les cailloux. Après en avoir balancé un certain nombre dans la tronche de tout le monde, il est devenu le "Rédak' Chef" de la horde, un manitou au pouvoir tyrannique mais au charisme proche d'un mollusque. Souvent les nuits de délire on l'entend hurler "ARTICLE ! ARTICLE ! IL FAUT UN ARTICLE POUR DEMAIN".

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