Old Mornings Dawn de Summoning : LOTR côté du Black Metal

Mon titre peut paraître un peu obscur à ceux qui ne connaissent pas Summoning, et je suis conscient qu’ils sont nombreux, alors expliquons. Ce groupe autrichien a fait il y a bien longtemps un pari : mêler les ambiances épiques de Lord Of The Rings (LOTR en abrégé, maintenant vous avez la vanne) et le black metal. Au départ, comme tous les blackeux, ces messieurs étaient fauchés. Malgré un sens de la composition déjà aiguisé, il était difficile de rendre des atmosphères aussi dantesques avec des claviers aussi cheaps. Mais en 2013, c’est une autre affaire : nos deux musiciens ont fait du chemin, ont pris en maturité et ont des sons bien plus convaincants. Ça donne Old Mornings Dawn et c’est très TRÈS respectable.

Comme tous les groupes de black metal, Summoning a un logo illisible. C’est beau la tradition.

Grattes gutturales et claviers clairs

A la différence d’autres groupes un peu plus brutaux, Summoning n’envoie pas de la grosse double pédale ni du riff qui arrache les cordes. Dans Old Mornings Dawn monsieur, on soigne les ambiances. Et oui ! Rappelons que le but n’est pas de nous rappeler les cimetières esseulés de Transylvanie ni les étendues glacées de la Norvège. On veut du Tolkien ! Il est donc essentiel de prendre son temps, de caler des percus plus solennelles que brutales, et de faire la part belle autant aux claviers qu’aux guitares. Ces dernières restent présentes, bien mises en avant avec un son marqué, et n’éclipsent pas les autres sons. Il leur arrive parfois d’être mises à l’honneur pour notre plus grand bonheur,  comme sur la très belle intro de The White Tower ou sur certains passages de The Wandering Fire.

Silenius et Protector, les deux membres de Summoning

Le reste des instruments synthétisés sont très variés, même si on trouve en majorité les grands classiques des accompagnements de Tolkien, voire de la fantasy en général, et ce dans toutes les familles d’instruments. Bon soyons clairs : nos deux Autrichiens n’ont pas encore réussi à décrocher le haut de gamme de chez Bontempi, il arrive donc que les claviers sonnent un peu … « claviers » justement. Mais on est bien loin de morceaux type « The Passing Of The Grey Company » et son espèce de kazoo chelou (le morceau dans son ensemble défonce par contre). Ce coté faux reste néanmoins très rare, et c’est au pire très convaincant, au mieux juste épique comme les violons sur le morceau Carhadras.

Et niveau voix ? Bah c’est du black metal donc ça hurle (oui bah à un moment, faut bien muler quoi, merde !). MAIS il se trouve tout de même certains passages avec voix féminines un peu mystérieuses qui varient un peu les plaisirs tout en rajoutant un petit coté « éthéré » à cette nappe d’atmosphères déjà très travaillées.

Je ne résiste pas à l’envie de vous livrer l’intro de l’album : Evernight

Le retour du roi

Je suis Summoning depuis un bail maintenant et j’ai entendu pas mal de choses venant d’eux. Du bon comme du moins bon. Déjà (Ô HÉRÉSIE) il est arrivé par le passé que le groupe fasse des infidélités à l’oeuvre de Tolkien pour aller lorgner sur d’autres auteurs, tels Robert Frost ou Michael Moorcock. C’est de l’histoire ancienne depuis quelques albums maintenant et Summoning est revenu à ses premiers amours, à savoir tout le lore qui entoure l’histoire des deux Hobbits joufflus. Est-ce que ça change quelque chose pour nous, simples auditeurs ? Clairement non, puisque les hurlements désarticulés si chers au genre black metal restent difficilement décryptables. Mais pour les plus curieux qui aiment farfouiller sur le net pour toper les paroles, et ainsi les beugler en rythme, ça peut avoir son importance. Et puis doit bien y avoir deux-trois connards de puristes qui traînent, et eux laissent rien passer je vous assure !

Les Neufs eux-mêmes sont fans de Summoning. Et ça, c’est pas négligeable.

Autre habitude détestable perdue : le fait de « looper » inlassablement. Sur un de leurs albums de 2006 Oath Bound, Summoning nous gratifiait de plans certes très chouettes mais ressassés de manière scandaleuse. Je veux bien croire que répéter une partie, ça peut aider à faire monter la mayonnaise et à bien l’imprimer dans la tête de l’auditeur mais sur Oath Bound c’était vraiment trop, tout ça pour nous faire des morceaux de 12m 51s (et l’argument « oui mais Burzum le faisait et ça marchait bien » n’est pas acceptable, c’est comme ça). Dans Old Mornings Dawn, on reste dans l’ordre du raisonnable. Je n’ai pas été lassé une seule fois. PAS UNE, VOUS M’ENTENDEZ ? Je suis donc bien content que Summoning ait trouvé ce délicat équilibre entre insistance et lourdeur. On peut prendre son temps sans être chiant, c’est bon à savoir.

Old Mornings Dawn est le très bon disque d’un groupe très original dans son paysage musical. Je ne peux donc que le conseiller, que ce soit aux fans hardcore de metal extrême histoire d’élargir leurs horizons d’une bien belle façon, ou aux musicophiles curieux qui voudraient se pencher sur l’alliance étrange d’un fantastique épique et d’une musique abrasive. Comme j’aimais à le présenter aux copains qui écoutaient du Summoning pour la première fois : « c’est un peu comme si on vous racontait le Seigneur des Anneaux, mais que le barde venait du Mordor ».

Et en cadeau, le morceau Flammifer en fan-made-karaoke !

 

 

 

Petrocore

Tout comme Narfi, Petrocore est issu de la sous-espèce des Trolls du Périgord (d'où son nom). Il se nourrit de tout ce qui passe à sa portée du moment que ça a été cuit dans de la graisse d'oie, voire de canard. Parce qu'il aime le gras, Petrocore est surtout versé dans la musique métal brutale et toutes sortes de produits faisant preuve d'un bourrinisme sans failles ou d'un humour pas fin.

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