Star Wars Armada l’excellence a un prix

Il y a bien longtemps que je voulais vous parler de Star Wars Armada mais directives marketing obligent attendre décembre était de mise pour voir arriver les dernières extensions et comme je n’avais pas l’intention de vous livrer le fruit d’une demi expérience, il a bien fallu prendre son mal en patience. Mais l’heure du bilan est arrivée et c’est avec une joie à peine dissimulée que je vais vous présenter le jeu dont l’excellence n’a d’égale que son prix malheureusement démesuré.

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Star Wars Armada, l’excellence mérite une présentation

Star Wars Armada vous met dans la peau d’un amiral d’une flotte galactique durant les événements de la première trilogie de films, donc exit les clones, les droïdes mais aussi Kylo Ren. Oui, vous avez bien lu, une flotte galactique ! Des dizaines de chasseurs ainsi que d’immenses vaisseaux spatiaux seront donc placés sous votre commandement, autant vous le dire tout de suite, bon sang, qu’est-ce que c’est épique ! (Ce jeu est mon premier wargame et n’ayant jamais joué aux ténors du genre que sont Marteau de Guerre™ et Marteau de Guerre™ 40.000 je ne ferai donc aucun comparatif avec d’autres jeux de ce type et je m’excuse par avance auprès des connaisseurs pour les éventuelles banalités que je pourrais sortir au cours de cet article.)

Opposant en principe deux joueurs, la Rébellion contre l’Empire, le jeu propose de nombreux objectifs que vous devrez remplir à la fin des six tours de jeu que composent une partie. Si cela peut paraître court sur le papier sachez qu’il faudra environ 45 minutes pour boucler ces six rounds avec le contenu de la boîte de base et jusqu’à deux heures pour les flottes les plus imposantes. Grâce à ces missions, le but n’est donc pas uniquement de pourrir la tronche de votre adversaire et comme pour Tash-Kalar cette petite originalité est plus que bienvenue. Certes c’est toujours drôle de taper sur les autres mais c’est encore mieux quand on utilise son cerveau pour le faire.

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Voilà à quoi ressemblera probablement votre première partie

Le truc cool c’est que ces objectifs ne sont pas choisis aléatoirement, il y a en a une douzaine et chaque joueur devra en choisir trois puis le second joueur (celui qui ne joue pas en premier, c’est déterminé en fonction de la taille de la flotte, j’y reviendrai) finalement en choisira un parmi ceux du premier joueur et c’est celui-là qui devra être suivi pour la partie. Ainsi il faut choisir ses objectifs avec justesse pour ne pas se trouver désavantagé par un but du jeu en désaccord total avec la flotte que vous aviez conçu.

C’est là qu’on attaque ce qui fait pour moi le sel du jeu, ce n’est pas seulement un jeu de tactique où le placement de vos vaisseaux fera de vous le vainqueur ou le perdant, il y a également une véritable dimension stratégique à adopter en amont de la partie. Vous préférez un objectif de prise de position ? De siège ? Ou même vous battre dans un champ de mines spatiale ? C’est possible, mais vous ne le ferez clairement pas avec les mêmes vaisseaux. Pour un siège, par exemple, vous privilégierez des vaisseaux puissants et relativement peu d’escadrons alors que dans le champ de mine ce sera le moment de faire briller vos vaisseaux les plus petits et les plus rapides. J’évoque ici seulement le haut de l’iceberg, le jeu est extrêmement complet, les possibilités de personnalisation de la flotte sont incroyables et rejoignent quasiment celles qu’on peut trouver dans un jeu de cartes à collectionner (c’est à dire vraiment vraiment beaucoup). Bien sûr vous pouvez également choisir de ne pas prendre d’objectif pour faire uniquement une bataille jusqu’à annihilation totale sans limite de tour mais ces ajouts apportent une diversité vraiment plaisante qu’il serait dommage d’ignorer.

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Star Wars Armada, l’excellence est longue à expliquer

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Mon petit chouchou, imaginez un fusil à pompe spatiale de 500 m de long et vous obtenez le Gladiator !

De la conception de la flotte à son déploiement sur le champ de bataille il y a beaucoup à faire dans Star Wars Armada. Chaque flotte est composée d’un certain nombre de points avec un maximum fixé à 400. (Ce qui est beaucoup. Il y a vraiment moyen de faire plein de trucs avec autant de points, la majorité de vos parties vous feront penser à la bataille d’Endor à la fin du Retour du Jedi, épique je vous dis !) Le mieux est de commencer par trouver son commandant, que ce soit Dark Vador ou l’amiral Ackbar, qui, via ses compétences, donnera le ton général de votre flotte. Il coûtera comme le reste un certain nombre de points, puis vous choisissez vos vaisseaux, leurs modifications (officiers spéciaux, personnages uniques, canons, missiles et moyens de défense…) et enfin les escadrons, qui ont aussi des pilotes uniques (Han Solo, Luke Skywalker) qu’on peut choisir d’intégrer ou non. Une petite précision : la valeur des points de nos escadrons ne peut dépasser le tiers de la valeur totale de la flotte. C’est en calculant la valeur totale de votre armée que vous saurez par rapport à votre adversaire qui sera le premier joueur, en effet celui qui aura la flotte la plus petite commencera. C’est un avantage parce qu’on choisira forcément un des objectifs que vous avez sélectionné mais aussi un inconvénient puisque vous serez le premier à arriver à portée de tir de votre adversaire. (Les vaisseaux tirent toujours avant de bouger donc se rapprocher est toujours une manœuvre délicate bien qu’indispensable.)

Ensuite vous décidez de disposer des obstacles sur le champ de bataille : astéroïdes, débris et même une station spatiale, qui ont chacun leurs effets. Enfin il est temps de se déployer, chacun son tour, vaisseau par vaisseau puis escadrons par escadrons, vous devrez disposer votre flotte selon des règles précises qui vous seront ici épargnées. Et la bataille peut enfin commencer.

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Votre tableau de bord d’amiral, ici vous retrouverez tout ce qu’il y a à savoir sur vos vaisseaux, leurs modifications et vos escadrons

Si le déroulement des tours paraît à première vue très complexe, les deux livrets de règles de trente pages chacun étant assez intimidants, il n’en est en fait rien. Tout est très logique :
On commence par donner nos ordres à nos vaisseaux via un cadran d’ordre que l’on cache à son adversaire. Quatre commandes, simples mais tellement décisives : Réparation, Navigation (changer ou non sa vitesse) Tir nourri (une amélioration massive des dégâts sur un tir) et enfin Escadron (qui permet d’activer un ou plusieurs escadrons avant la phase d’escadrons et qui permet de se déplacer et tirer).

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Une fois ceci fait le premier joueur active son premier vaisseau : Il révèle le cadran d’ordre, exécute ou non l’ordre donné (il peut le « sauvegarder » pour plus tard via un jeton mais l’effet sera moindre) puis fait feu s’il le peut avec deux zones différentes de sa coque (avant, arrière, gauche et droite) et déplace le vaisseau en fonction de sa vitesse (il faut toujours aller au bout du déplacement, ralentir ou accélérer est un ordre capital qui peut changer tout le cours d’une bataille) puis c’est au second joueur d’activer à son tour un vaisseau et ainsi de suite. Une fois tous les vaisseaux activés on passe aux escadrons, deux par deux cette fois mais avec cette petite règle en plus : un escadron tire ou se déplace il faut choisir. Enfin le tour se conclut avec une phase de « nettoyage ». En gros on fait le bilan vite fait de ce qu’il s’est passé, on change le pion d’initiative de sens pour symboliser physiquement le changement de tours, cela permet de bien voir où en sont les escadrons (ils ont une languette à bouger à leur activation qui prend la couleur du tour en cours, ainsi, on sait immédiatement s’ils ont été activés ou pas encore ce tour-ci), on compte les points (détruire un vaisseaux donne autant de points que sa valeur d’armée, modifications comprises) bref on prépare le tour suivant. Et on recommence jusqu’à destruction totale de l’adversaire ou fin du sixième tour.

Star Wars Armada, l’excellence a du style

Lorsque les débris galactiques finissent de se disperser, après la bataille que reste t’il ? Une sacrée impression de gigantisme, une sensation épique qui peine à s’atténuer, le cerveau encore en ébullition après ce stress d’avoir feinté, surpris, pris en sandwich, d’avoir assisté impuissant à la destruction de son vaisseau-amiral pour finalement sortir le jet de dé de l’infini qui retourne la partie avec son petit escadron qui avait échappé par miracle à l’attention de votre adversaire. Peu de jeux peuvent se targuer de nous tenir aussi longtemps en haleine, car l’issue de la partie n’est que rarement décidée dans les premiers tours, tout en proposant une expérience que j’ai envie de qualifier de « réaliste » . Tout est pris en compte, les boucliers, l’inertie des vaisseaux, les collisions, les obstructions de ligne de vue, les duels entre les chasseurs qui les monopolisent pendant que les vaisseaux autour manœuvrent et se bombardent. Rien à dire on est dedans, on est dans un Star Wars à un moment décisif de la Guerre Civile Galactique. Ce n’est pas une simulation de déplacement dans l’espace mais c’est clairement une simulation de Star Wars et c’est exactement ce qu’on veut.

DSC01484 De plus les figurines des vaisseaux sont incroyables, remplies de détails, pré-peintes, les designers n’ont pas hésité à leur ajouter des rayures, des déchirures, la peinture est partie à certains endroits, ce sont des vaisseaux qui ont vécu la guerre et qui vont continuer. De même les escadrons bien qu’ils ne soient pas peints, fourmillent de détails, j’ai lu sur le site officiel du jeu des excuses de la part des créateurs de ne pas avoir pu respecter les échelles pour les chasseurs mais avec le niveau de précision atteint pour d’aussi petites figurines c’est un tort que je leur passe aisément. Depuis la sortie de la seconde vague d’extension les vaisseaux emblématiques de la saga sont tous présents, vous aurez bien sûr remarqué le fameux destroyer interstellaire impérial avec son interminable ligne triangulaire mais sont également présents, le Faucon Millenium, le Slave One (le vaisseau du célèbre chasseur de prime Boba Fett), le fameux Tantive IV (mais si ! C’est le tout premier vaisseau qui est apparu à l’écran dans la première scène du premier film, le vaisseau de la princesse Léia !) et j’en passe bien sûr…

Mais ce moment de suspension du temps et de retour en enfance à un prix, et vraiment je n’ai pas choisi le titre de cet article pour rien. À 90 euros la boîte de base, le jeu représente déjà un gros investissement mais en ajoutant les extensions la note devient très vite salée. Vingts euros les boîtes d’escadrons supplémentaires (aïe), vingt euros de plus pour un petit vaisseau supplémentaire (re-aïe), et on monte comme ça jusqu’à cinquante euros pièce pour le fameux destroyer over-abusé impérial (COMBIEN ?!). Ajoutez à cela des dés supplémentaires (vendus séparément), des tapis de jeu, des accessoires de visée et de déplacement des vaisseaux, tout ça aussi vendus séparément et on comprend que Fantasy Flight Games compte bien s’en mettre plein les fouilles en exploitant jusqu’à l’os la licence la plus rentable du monde. Et la boîte de base n’est pas non plus exempte de défauts (et là je me permets d’être bien plus tatillon que pour les autres jeux vu l’argent qu’on doit allonger pour pouvoir jouer) : Si elle comporte bien des sachets plastiques pour ranger tous les pions, le rangement du jeu est tout simplement scandaleux, rien n’est mis en place pour les vaisseaux qui sont pourtant un peu fragiles, pareil pour les escadrons qu’il faudra mettre en vrac dans un coin de la boîte.

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De même la finition n’est pas parfaite, les ailes des Tie-Fighters ne sont pas toutes parallèles (ça leur donne un petit côté ridicule et pas finis qui est assez frustrant), j’ai une frégate qui n’est pas droite mais légèrement courbée sur le côté parce qu’elle était tenue trop fort dans l’emballage plastique. Mais le pire vient des dés, en effet le vaisseau impérial de base tire avec ses canons avant quatre dés rouges et trois dés noirs ou bleus (selon la version que vous choisissez). Sauf que dans la boîte il n’y a que trois dés de chaque couleur. Remontez quelques lignes plus haut pour en découvrir la cause, c’est vraiment mesquin et bas. Pareil pour les accessoires de visée, un seul par boîte qu’il faut se passer d’un joueur à un autre, c’est pas si grave sauf que tant pis pour prendre des mesures pendant le tour de l’adversaire, encore une fois à ce prix c’est un confort qu’on aurait pu avoir.

À vous donc de voir si vous pourrez outrepasser ces défauts ou tout simplement vous permettre d’investir autant dans un jeu. Personnellement j’ai craqué pour tout, l’expérience est trop belle pour passer à côté, d’autant que si je trouve des défauts sur la forme, j’ai bien plus de mal à en trouver sur le fond : Les règles sont claires, les tours s’enchaînent de manière fluide, la stratégie est aussi présente que la tactique et on s’amuse comme des fous à s’imaginer en Dark Vador du dimanche, grand commandant de la flotte de l’Empire, écrasant la pourriture rebelle sur fond de marche impériale…

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La flotte impériale dans toute sa sinistre splendeur

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Difficile de conclure sur un jeu vendu en kit comme celui là. Si je ne vous parle que de la boîte de base, oui vous vous amuserez, mais le cœur du jeu se trouve dans ses extensions. Du coup je me sens obligé de parler de toutes les extensions mais là bien sûr c’est le prix du jeu qui explose et c’est à vous de voir combien vous êtes prêts à mettre pour jouer à Star Wars. Mais en même temps, pour tous fans de la série, jouer à ce jeu est la réalisation d’un rêve de gosse, on a à notre disposition tous les héros et les vaisseaux de l’univers et c’est à nous de les diriger dans des batailles galactiques gigantesques dont l’issue est plus qu’incertaine. Est-ce que la Force sera avec vous ? Demandez plutôt de la clémence à vos dés pour tirer juste, le reste par contre ne dépendra que de vous et de votre capacité d’anticipation et d’adaptation. Ce jeu est énorme dans tous les sens du terme, et il n’est pas la simple adaptation à une échelle plus grande de son grand frère X-Wing comme certains ont pu penser. Il a son propre rythme de jeu et sa propre identité malgré les inévitables similarités (quand on est créé par les mêmes personnes forcément ya des trucs qui se retrouvent). Je vous conseille grandement Star Wars Armada mais la question demeure pouvez-vous vous permettre un investissement pareil ? Quand on aime, on ne compte pas… mais faut quand même pas exagérer.

Ps : Après Assaut sur l’Empire (au sol), X-Wing et Armada (dans l’espace), Fantasy Flight Games lance Star Wars Rebellion, cette fois on joue à l’échelle galactique. Est-ce que quelqu’un peut leur dire que ça commence vraiment à se voir qu’ils plagient sans vergogne le très sympathique jeu vidéo Star Wars Empire at War ?

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Nemarth

Cet individu est un gobelin fait homme. Hautement imprévisible, il représente un danger pour la Société. A éliminer à vue.

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