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Rogue One : A Star Wars Story – la vraie Guerre des Étoiles

C’est bientôt Noël. Et il faut maintenant s’y habituer, outre les cadeaux et le foie gras, ça veut dire aussi la sortie annuelle d’un épisode de Star Wars made in Disney/Lucasfilm. L’année dernière, on avait eu à grand renfort de promo le retour de la franchise culte avec un épisode VII, plus qu’honnête mais non exempt de défauts, piloté par J.J. Abrams (si vous voulez mon avis là dessus c’est par ici). Cette année, c’est un peu différent car il faudrait attendre 2017 pour la suite des aventures de Rey. Cette année, on repart en plein dans la guerre civile intergalactique entre l’Empire et l’Alliance Rebelle avec le premier spin-off de l’univers cinématographique Star Wars, je parle bien sûr de Rogue One: a Star Wars story (et on en parle sans spoilers) !

C’est pas ma guerre

Le pitch de Rogue One est simple et se retrouve dans le texte introductif de l’épisode IV (a New Hope) sorti en 1977 : au cours d’une attaque, les Rebelles ont réussi à dérober à l’Empire les plans d’une nouvelle arme surpuissante, l’Étoile de la Mort. Rogue One prend le pari, un peu risqué quand même, d’arriver à faire un film de 2h10 à partir de cette phrase. on va donc suivre l’équipe de rebelles qui va aller dérober les plans de la station spatiale la plus connue de la pop-culture.

Je pourrais vous énumérer les personnages et ce qui fait qu’ils sont cools mais ça desservirait le film. Sachez juste qu’on a une équipe de durs, de mecs qui sont plongés dans la guerre jusqu’au cou depuis des années. Et au centre de cette petite équipe Jyn Erso (Felicity Jones) qui a des raisons bien personnelles de vouloir ces plans (j’ai dit qu’on spoilait pas). On peut néanmoins noter que l’équipe rebelle constitue à la fois le point fort et le point faible du film. Là où l’épisode VII prenait bien son temps pour exposer les nouveaux personnages, on a ici un processus un plus rushé, à l’exception du personnage de Jyn (et dans une moindre mesure celui du capitaine Cassian Andor). Rien que dans les dix premières minutes, on visite quatre planètes, on nous balance que des noms inconnus, c’est un peu dur à assimiler, même pour un fan de la première heure comme moi (ou alors je me fais vieux). La faute sans doute au fait qu’on soit dans un épisode qui doit tout boucler en 2h. C’est quand même dommageable et ça affaiblit un peu le film.

En face, côté Empire, on a essentiellement le personnage du Directeur Orson Krennic (Ben Mendelsohn) aux manettes de la construction de la station. Plus qu’un vrai bad guy comme peut l’être Vader, c’est surtout un pur produit de l’Empire. Un technocrate et un ingénieur qui a une mission confiée par l’Empereur et qui fera tout pour la remplir. On notera quand même un retour en Force de Darth Vader (c’est pas du spoil c’était dans les trailers), dont les quelques apparitions (même si elles relèvent parfois du fan service) sont particulièrement efficaces et épiques, nous rappelant pourquoi il est considéré comme l’un des plus grands méchants du cinéma.

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Allons voler les plans de l’Étoile de la Mort

J’avais dit dans ma critique de the Force Awakens l’année dernière qu’on se retrouvait rapidement en territoire connu avec des affrontements frontaux entre la Résistance et le Premier Ordre. C’est encore plus vrai ici. Mais on opte pour une approche complètement différente du conflit. Ici pas de Luke ou de Jedi. Ici pas de héros ou d’élus. On parle d’un conflit, on suit des soldats, on a un film de guerre. L’ambiance tranche radicalement avec les précédents opus. On sent qu’on est dans un Star Wars, on a les codes mais pas forcément la même saveur. Le ton est d’ailleurs donné dès la première seconde avec l’absence du Star Wars opening theme et du générique défilant dans l’espace. C’était d’ailleurs un pari risqué de partir sur toute une équipe de personnages inconnus du grand public ou même des fans pour un premier spin-off. C’était aussi risqué de partir sur un élément aussi anodin mais aux conséquences si importantes que le vol des plans de l’Étoile de la Mort. On connait déjà la fin de leur mission. On est sans doute amené à n’en revoir que peu d’entre eux. Est-ce que tout ça va quand même permettre à la mayonnaise de prendre ? Oui, sans aucun doute. Une chose à mettre au crédit de Gareth Edwards à la réal (à qui on doit notamment l’oubliable Godzilla mais le très bon Monsters) et au tandem Chris Weitz/Tony Gilroy au scénario. Si j’étais le premier à craindre un effet Disney sur l’univers Star Wars, Rogue One est là pour nous assurer que ce n’est clairement pas le cas (si ce n’est sur le merchandising, mais bon). Le film est sans aucun doute un des plus dramatiques et sombres de l’univers avec Empire strikes back et Revenge of the Sith.

Du bon et du moins bon

Rogue One posterEncore une fois, c’est aussi l’aspect visuel du film qui séduit et qui tape très fort. Je ne l’ai pas vu en 3D donc je ne peux pas juger mais rien qu’en 2D ça en envoie sérieusement plein les mirettes. Ça ne sent pas le numérique et les écrans bleus/verts à plein nez comme pouvez l’être les épisodes de la prélogie. On a d’ailleurs un gros travail sur les costumes et les vaisseaux pour qu’aucun visuel ne fasse tâche quand on le compare aux scènes de l’épisode IV se déroulant à la même époque. Et les batailles sont dantesques. Entre la fuite de Jedha et la bataille finale combinant combats au sol, dans l’air et dans l’espace… whoa ! On reste malgré tout sur une mise en scène classique mais, comme je le disais plus haut, en jouant avec le code du film de commando qui donne un peu d’air frais à l’univers Star Wars.

Quelques points négatifs cependant viennent ternir le tableau mais rien de bien dramatique à mes yeux (voire même moins négatif que ce que j’avais pu reprocher à l’épisode VII). J’ai déjà évoqué le manque d’exposition des personnages et je ne vais pas y revenir ici. On peut par contre regretter une musique complètement à côté de la plaque et donnant très peu de souffle épique à l’histoire. Vu que c’est un spin-off, John Williams n’était pas à la partition et c’est Michael Giacchino qui s’y est collé. C’est dommage mais son score sur Super 8, John Carter ou Star Trek m’avait beaucoup plus marqué. Bon le fait qu’il ait dû faire ça dans l’urgence après que celui initialement prévu se soit barré ne doit pas forcément aider. Le deuxième point concerne le fan service. Ce n’est pas la première fois que moi ou d’autres, évoquons le sujet sur ce site. Sur Star Wars j’avais déjà dit que le repompage de A New Hope pour the Force Awakens avait clairement gâché la fin de l’épisode VII. Ici on est sur un cas un peu différent. C’est juste que c’est un peu l’abus de caméos et d’easter eggs. Entendons nous bien, Star Wars a toujours été riche en références au sein de ses propres films. Et même ici, certains éléments sont pleinement justifiés et/ou justifiables pour la continuité. D’autres à l’inverse sont totalement gratuits ou trop destinés aux fans et m’ont fait un peu sortir du film. C’est dommage et il ne faudrait pas que Lucasfilm commence à faire du Marvel (en même temps les deux c’est Disney).

Verdict

Merci à Jérémy Paillier pour l’illustration super chouette. Cliquez sur l’image si vous en voulez plus ;-)

Deuxième opus Star Wars de l’ère Disney et premier spin-off, Rogue One et c’est totalement validé. Pas forcément le meilleur Star Wars de tous les temps (Empire strikes back enfin !) mais il dépasse clairement la prélogie. Tout comme l’épisode VII sorti l’année dernière, c’est visuellement magnifique. Bien sûr la multiplication de nouveaux personnages pour une histoire éphémère affaiblit leur exposition et leur icônisation et on peut penser que la dramatisation aurait pu être encore plus poussée. Cependant, le pari de montrer le conflit Alliance/Empire de manière plus « crue » au-delà de la famille Skywalker et en concentrant sur les soldats donne un nouveau regard sur l’histoire et sur les évènements de l’épisode IV. Ça ne révolutionne pas le space-opera ou la SF, ça reste l’ADN Star Wars mais avec un petit quelque chose en plus. Allez le voir si ce n’est déjà fait, c’est du grand spectacle.

Ce que les autres Trolls en ont pensé : la rédac’ partagée

Lazylumps : En quelques mots m’exprimer, je dois. Effectivement les trente dernières minutes sont vraiment de bonne facture, on peut le dire : la fin vaut le coup. Mais dieu que le début est LOoooooooooOOOOOOOOOOOOOOOOOng à se mettre en place ! Long ! Et ces personnages… écrits à la truelle..! Sans profondeur aucune et avec des dialogues limités (il faut aussi ajouter que la VF merdissimale dessert énormément le film). Pitié, faites les taire, et là on a un truc pas mal. Ils auraient pu faire Le soldat Ryan de Star Wars, ils ont fait un ersatz loupé au niveau de la profondeur. Pour ce qui est de l’action, elle est grandiose. Les affrontements sont dignes de Star Wars et mettent ce qu’il faut de peps ! Dommage ! Mais il reste bien plus agréable que Star Wars Episode VII qui était un bon gros foutage de gueule de réchauffé.

Flavius : J’avais bon espoir… et puis non en fait. A se demander s’ils n’ont pas tout simplement tué ce qui faisait le sel de cette franchise, c’est à dire l’iconisation des personnages, des objets et des lieux. Je veux dire, quand on pense Star Wars les gugusses qui nous viennent en tête sont plus de l’ordre du culte que du pion interchangeable. Or dans Rogue 1 je vous mets au défi de trouver un quelconque intérêt dans les personnages, les héros en tête de liste (en même temps quand tu as un acteur avec la trogne de Diefenthal tu pars pas vraiment gagnant). Le seul à vraiment crever l’écran est Mads Mikkelsen et on le voit une poignée de secondes… Le début souffre d’un montage épileptique débile qui heureusement s’améliore au bout d’un moment. Mais les incohérences prennent le relais. Quelques bonnes scènes font plaisir, or les seules à contenir l’élan viscéral nécessaire à tout Star Wars le doivent à leurs références dans l’histoire de la franchise ; du coup c’était pas bien compliqué de communiquer le frisson quand les bases ont déjà été façonnées. Cela semble avoir été beaucoup plus dur de bâtir quelque chose malgré ce matériau. Au bout du compte j’ai l’impression d’avoir vu un film moyen, un peu meilleur néanmoins pour moi que le Star Wars VII de J. J. Abrams.  

Petrocore : QUOI ? DIX EUROS CINQUANTE LA PLACE DE CINÉ ? MAIS VOUS AVEZ CRAQUÉ ! 

Nemarth : Notre bon docteur Tyriel va être content, il y en a d’autres au sein de cette rédaction décadente qui ont apprécié ce spin off. Star Wars a toujours été une vitrine technologique et cette fois encore les gars d’ILM se sont surpassés (mention spéciale au mec qui s’est amusé à ajouter un épi dans la coiffure de Tarkin) : les droïdes sont là avec les acteurs, impossible d’en douter (alors qu’ils sont en 3D) les batailles sont sublimes. C’est simple, il n’y a pas un plan du film qui n’est pas agréable à regarder. Les lieux grouillent de vie, tous les designs que ce soit des costumes ou de l’architecture impériale sont parfaits et même si les personnages sont pas bien introduits, je suis désolé mais ils ne sont pas pour autant dénués de charisme ou d’intérêt. Sans spoiler c’est dur d’argumenter mais à part quelques scènes qui m’ont fait m’arracher les cheveux, le combat de ces personnages est justifié, leurs relations sont simples mais font le taf. J’apprécie particulièrement le traitement de la Force dans ce film qui nous montre bien à quel point les gens de cet univers n’ont absolument pas compris ce que c’est, une approche risquée mais qui permet d’expliquer l’incrédulité de Han Solo ou de Tarkin quand ceux-ci ont été confrontés à des Jedis dans l’épisode 4. Par contre la musique… oh punaise … jamais vous recommencez à nous mettre une soupe pareille sur un Star Wars !!

Dr Tyriel

"Je sers la Science et c'est ma joie"

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